Inspiré des malheurs d'Oliver Twist, Jacob Tierney livre une œuvre trash, noire et dramatique d'une jeunesse en péril de Toronto. Si le réalisateur s'applique à parfaitement s'aventurer au plus profond de l'émotion des personnages, il réussit aussi par l'esthétique simple, mais soignée de l'image, à sensibiliser le spectateur sur de destin des ces pauvres jeunes perdus et prisonniers... à la fois de leur vie mais également d'eux mêmes. Prostitution, héroïne, vagabondage... voilà ce qui rythme la vie de Dodge (ainsi que celle de ces collègues et amis), jeune homme complètement prisonnier de lui-même, de son passé et de sa fierté. Le plus dramatique restant l’objectif de chacun des personnages, qui souhaitent tous s’en sortir mais qui verront leurs espoirs s’affaiblir au fur et à mesure des efforts. Le jeune Oliver, ancien fugueur recruté par Dodge et qui tombera éperdument amoureux de ce dernier, reste le seul personnage qui donne une minime lueur d’espoir, par sa fraîcheur, son innocence et son éducation. La dernière scène de Dodge et son frère est extrêmement choquante (car très suggestive en tous points de vue), alors que l’arrivé de David était l’un des espoirs d’une possible renaissance... mais le tout bascule finalement dans un flot d’horreur qui montre un homme tout aussi perdu que son jeune frère. Après un début de film à l’allure dramatique mais pas apocalyptique, la fin est tout juste terrible pour tous, montrant à quel point cette vie ne peut avoir d’autre issue que l’enfer ultime... fin des plus bouleversantes, parfaitement mise en scène dans la toute dernière minute du film, qui démontre une boucle permanente de l’enfer de ces destins maudits. Un film très noir, très triste, mais qui illustre très bien, avec beaucoup de simplicité et de justesse, la vie malheureuse de cet abominable milieu.