En 2004, Woody Allen, alors en panne d'inspiration, décida pour se renouveler de s'aventurer hors des États-Unis, passant de New-York aux différentes capitales européennes. Ce changement marqua une rupture importante dans sa filmographie. Pourtant, ce n'était pas la première fois que le réalisateur changeait le lieu d'action de ses films. En effet, une dizaine d'année auparavant, il avait fait la Russie des années 60 le cadre de son téléfilm Nuits de Chine.
Le synopsis était prometteur, il y avait plein de choses à faire avec cette histoire de remplacement à l'ambassade américaine de Moscou. Personnellement, j'avais envisagé une intrigue dans la veine de Parks & Recreation, où le monde de l'administration aurait été tourné en dérision sur fond de guerre froide. A la place, Allen nous ressort son numéro de toujours, celui du juif névrosé. Malheureusement, l'humour est bien fadasse, et les quelques sourires qu'il arrive à nous arracher sont vite estompés par les différentes péripéties, qui singent les situations éculées des pires vaudevilles. Si la scène d'attentat aussi fauchée qu'inintéressante passe encore, les moqueries vis à vis des autres cultures s'avèrent particulièrement gênantes et déplacées, en particulier le moment ou Allen enfile une burqa et imite le youyou des femmes musulmanes.
La mise en scène du réalisateur new-yorkais a toujours fait preuve d'une certaine sobriété, en employant beaucoup de plans fixes et peu de mouvements de caméra. Pour Nuits de Chine, il s'est essayé à la caméra à épaule, peut-être pour des raisons de production, et le résultat n'est ni fait ni à faire. Lors des conversations, l'appareil relie les personnages par des mouvements hasardeux (quand ce ne sont pas des zooms ignobles) qui laissent au spectateur tout le loisir d'apprécier la pauvreté des décors. Je me doute que les moyens étaient limités, mais le film se déroule dans quatre pièces toutes aussi vides les unes que les autres. Il arrive même que le film montre les personnages discuter pendant plusieurs minutes devant un mur totalement blanc. Complètement ridicule.
Dès les premières minutes, Nuit de Chines apparaît comme du théâtre filmé, mais à la fin du visionnage on se rend compte que la première impression était fausse : c'est du mauvais théâtre filmé avec le pieds. J'ai du mal à croire que la personne qui a écrit une histoire aussi drôle et touchante que celle de Annie Hall ait pu par la suite réaliser un téléfilm bas-de-gamme avec une romance forcée et un humour aussi lamentable. Mais comme on dit, plus on s'élève et plus dure sera la chute...