Grandeurs et mesquineries d'une civilisation sont remarquablement montrées. En effet, le révérend Runt, cousin des demoiselles Bennett, semble avoir existé, grâce à l'interprétation magistrale de l'acteur et, tout comme l'antiquité a pu parer ses grandes dames de singes pour en faire ressortir la beauté ; ce personnage est essentiel au propos . Mais Jane Austen, l'auteur du roman fait une oeuvre de critique. Elle est très contemporaine, car , en fait, sans révérend Runt; pas de raffinement
vestimentaire, pas de précision de la langue, pas de souci de l'autre, ni élévation de l'esprit tout ce qui nous est donné à contempler n'existerait pas sans la chrétienté et sans la féodalité, quand bien même, l'auteur du roman et du film en montre toute la bassesse et le ridicule. Malgré les mérites de Mr Darcy qui, sans raison d'espérer conquérir l'estime de celle qu'il aime, sauve sa famille du déshonneur, par sa fortune, revient sur l'influence qu'il a exercée sur son ami, Bingley amoureux de Jane Bennett qu'il avait séparés....malgré la précipitation avec laquelle Elisabeth Bennett avait jugé Wickham et Mr Darcy, sur laquelle , elle est revenue pour accéder à l'amour véritable fait d'humilité: le mérite les promet à tout avoir de ce dont la vie rend seulement possible pour une infime minorité d'entre nous. Qu'est-ce qui fait donc échapper ce film à
une banale histoire romanesque quelque peu improbable sinon invraisemblable ? C'est le réalisme des situations, des propos tenus, de la logique sociale et la vie qui, malgré tout, tente de se frayer un chemin, pour dresser une critique de ce monde aristocratique et de l'Angleterre des 18 et 19ème siècles.critique partagée entre l'idéal tel que le concevait cette société et tout ce qui donne aux situations, personnages et relations; une épaisseur qui les rend crédibles au point de nous donner l'impression de voir le passé à travers le trou d'une serrure.