Déjà, et je dis ça avec toute ma subjectivité, comment ne pas aimer l'histoire imaginée par Jane Austen autour des Bennet et de ces fabuleux Mr. Darcy et Mr. Bingley ? C'est l'un des rares cas où en ayant vu le film et lu le livre, je ne mélange absolument pas ce qui appartient à l'un et ce qui appartient à l'autre, et pourtant, je les aime autant l'un que l'autre. Forcément, l'histoire est différente par bien des points, il aurait été impossible de tout retranscrire, l'intrigue de Jane Austen étant longue et posée, il fallait quelque chose de plus soutenu pour un film. Mais j'apprécie les choix fait par les scénaristes. Elles ont su, tout en modifiant la trame originale, laisser intacte l'âme de cette histoire je trouve. Orgueil et Préjugés, un amour qui n'a d'entrave que les protagonistes eux-même (à quelques bricoles près), des protagonistes profonds, intelligents et pour lesquels j'ai un attachement sincère.
Je pense toutefois que le résultat n'aurait pas pu être aussi bon sans cette atmosphère incroyable qui se dégage du film. Les décors sont très beaux, on s'y croirait, avec les maisons anciennes, les plaines verdoyantes... la pluie aussi. Les costumes fonctionnent bien également, et je ne trouverais jamais Matthew Macfadyen plus beau qu'en Mr. Darcy. Mais le plus important... c'est la musique ! Toutes ces magnifiques mélodies au piano... je ne saurais même pas dire combien de fois je les ai écoutées. Un grand merci à Dario Marianelli qui nous emmène grâce à ses superbes compositions dans cette histoire d'amour tourmentée mais envoûtante, dans cette Angleterre pleine de possibles auprès de cette chère Elizabeth Bennet.
Venons en alors à nos personnages principaux. En vérité, je ne suis pas une fervente admiratrice de Matthew Macfadyen, mais son Darcy est parfait je trouve. Il joue à merveille la hauteur, la fierté, l'homme fermé, puis le tourment, les soudaines insécurités d'un homme qui aime mais qui ne peut croire en une inclination réciproque, puisque Elizabeth Bennet ne saurait être plus clair à ce sujet. Et puis, je ne me lasserai pas non plus de ce passage étonnant, où Elizabeth et Darcy se trouvent réuni par le hasard à Pimberly, en compagnie de Georgiana et des Gardiner, et où en pleine lumière et face à elle, son visage s'épanoui d'un incroyable sourire. C'est sûrement idiot, mais je peux repasser cette scène pendant de longues minutes lorsque je regarde de nouveau Orgueil & Préjugés. La sincérité de ce passage m'enchante à chaque fois.
Pour Keira Knightley, j'ai des sentiments un peu plus ambiguës. Je l'adore en Elizabeth Bennet, parce que ça lui va bien, parce qu'elle est belle, intelligente et forte (et parce que ça reste un de mes films préférés, donc il n'y a rien que je ne puisse vraiment pas aimer). Mais, comme j'ai pu le lire dans d'autres critiques, c'est vrai que cette actrice est trop belle pour ce rôle. Alors au cinéma, les choses ne se passent jamais comme dans les livres à ce sujet, parce que l’œil exige que ce soit beau contrairement à l'imagination. Mais par exemple, lorsque je lis Orgueil & Préjugés, je vois Mr. Darcy comme dans le film, mais pas Elizabeth. Après, honnêtement, ce n'est pas si grave, parce qu'elle donne un autre relief à son personnage, elle lui permet d'être plus mutine si je peux dire ça comme ça, et ça lui va si bien.
Je tiens aussi à faire mention de Jane Bennet, jouée par Rosamund Pike, parce que j'adore son visage d'ange, sa douceur, sa présence auprès de sa sœur. Je trouve que l'actrice nous offre une Jane parfaite, tout en douceur, entre lucidité et naïveté, amoureuse d'un Bingley peu sûr de lui et tout aussi attachant.
Comme je l'ai dis plus haut, l'intrigue a donc été simplifiée pour tenir dans un format de film classique. Comme je l'ai dis aussi, je trouve que ça a été très bien fait parce qu'il n'y a pas d'incohérence, et que le film a tout ce qu'il faut pour nous livrer cette histoire comme un cocon dans lequel découvrir cette grande histoire d'amour. La seule chose que j'ai à retenir d'un peu négatif... c'est la fin. J'y ai beaucoup réfléchi, et il est évident que la fin du roman est bien trop longue et compliquée entre repas, promenades et amours secrètement dévoilé, il fallait une conclusion plus rapide. Toutefois, leur retrouvaille dans la plaine, cette conversation que nous attendons pourtant depuis un moment... sont totalement surréalistes. Dans cette époque, avec ces personnages, de cette catégorie sociale... enfin je crois pourtant que mon côté romanesque a étouffé ça dans l’œuf. Et je peux regarder les visages d'Elizabeth et Darcy baigner dans le soleil matinal sans sourciller depuis bien longtemps (mais c'est tout de même pas très réaliste).
Je terminerai en essayant d'expliquer que j'adore également la façon dont le film est conçu, monté. Il y a beaucoup de superbes plans : celui du temps qui passe, avec Elizabeth sur sa balançoire qui tourne au fil des saisons est l'un de mes préférés. Les yeux ou les sourires qui traînent parfois aussi, surtout à la fin, lorsqu'elle doit discuter avec son père dans son bureau. Je ne suis pas, malgré un petit cursus de cinéma, très calée pour décrire ce genre de choses, mais c'est vraiment beau et bien fait selon moi. Et c'est sans doute pour toutes ces choses là que je ne peux pas me lasser de le regarder.
https://www.lesplaisirsdesmots.fr/orgueil-et-prejuges/