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AMCHI
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5 936 critiques
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1,0
Publiée le 25 novembre 2015
Tartuffe par Murnau cela aurait pu être intéressant mais c’est trop court, j’ai étudié la pièce à l’école (comme bon nombre d’entre vous je présume) mais il ne m’a pas semblé retrouver la verve de Molière dans ce film. C’est à voir surtout par les fanatiques des films muets (je précise que j'aime le cinéma muet).
Vraiment Murnau était un réalisateur de génie et ses films quoique tous muets passent encore la rampe aujourd’hui par les thèmes soulevés qui touchent à ce qui fait la nature profonde de l’homme. Ici, aidé par le grand Jannings il reprend le thème du Tartuffe qu’il active deux fois grâce au procédé ingénieux et innovant à l’époque du film dans le film. Les décors sont magnifiques et les acteurs sont remarquablement dirigés évitant le grandiloquent qui imprégnait souvent les films muets où nombres d’acteurs se croyaient obligés d’accentuer les effets pour surmonter l’absence de texte. L’image est sublime tant Murnau et son chef opérateur Karl Freund s’y entendent pour traduire à l’écran par tout un jeu de perspectives directement imprégné de l’expressionnisme allemand les sentiments qui se jouent sur l’écran. Le bonus très instructif du DVD nous narre par le menu la production de ce film devenu aujourd’hui une rareté et dont il ne subsiste que quelques versions dans le monde.
Murnau a la grande intelligence d’insérer la réception contemporaine de l’œuvre moliéresque au sein de son adaptation, de sorte à prouver (si besoin) l’extrême actualité du caractère dépeint, à savoir le faux dévot et, au-delà de l’aspect strictement chrétien, le faux prophète, qu’il soit religieux, politique ou social. Film dans le film, Tartuffe bénéficie d’acteurs remarquables, avec dans le rôle-titre un Emil Jannings délicieusement détestable, et d’une mise en scène soignée qui capte la mouvance des corps devant des murs blancs où se projettent leur aveuglement ou, au contraire, leur malignité. Certaines scènes comiques rappellent que la pièce de Molière est avant toute chose une comédie de caractère : Tartuffe sur son hamac ou à la table du petit-déjeuner vaut son pesant d’or ! Murnau livre une excellente adaptation, un peu simplifiée par instants, mais diablement efficace.
Le réalisateur de Nosferatu qui rencontre Molière : l’association peut paraitre surprenante ! Il ne faut pas oublier que Tartuffe est une pièce qui selon la mise en scène peut devenir une comédie ou un drame. Peu enclin à la comédie (du moins quand on regarde sa filmographie), Murnau choisit logiquement la seconde option. En effet, son Tartuffe (également connu sous le titre de Monsieur Tartuffe) est un drame ne possédant aucun instant de comédie qui traite de l’embrigadement intégriste et qui cherche à avoir des échos contemporains. On extrapole parfois peut-être un peu trop quand on donne des prémonitions du nazisme aux cinéastes expressionnistes allemands de cette époque (même si Tartuffe n’appartient pas du tout à cette catégorie, contrairement à son adaptation de Dracula) mais on peut tout de même penser que Murnau a bien voulu prévenir le spectateur qu’il était susceptible de subir un lavage de cerveau par des hypocrites dangereux (Tartuffe étant le symbole du faux dévot pour Molière) et qu'il sentait que l’extrémisme était au portes de son pays puisqu’il entoure son histoire d’un prologue et d’une conclusion contemporains (utilisant la technique du film dans le film assez rare à l’époque) interpellant à deux reprises le spectateur : tout d’abord dans le prologue (en utilisant la technique de l’aparté qui rappelle l’origine théâtrale de l’œuvre) par le personnage du petit-fils, le personnage lucide du film, et par le carton final qui demande au spectateur d’avoir du recul sur les gens les courtisant. Cette volonté de dramatiser les choses est sûrement la cause de la seule véritable erreur du film, à savoir le traitement de Tartuffe. En effet, le cinéaste montre le personnage interprété par Emil Jannings comme étant effrayant et foncièrement mauvais sans montrer son aspect séduisant expliquant qu’Orgon puisse se laisser envouter par lui et renforçant son aspect dangereux. Ce point mis à part, Tartuffe reste un beau film d’un des plus grands cinéastes allemands de cette époque.
Film certainement pas évaluable dès la première vision; les Murnau sont souvent bien plus riches qu'ils n'y paraissent (cf. Nosferatu). Mais pour une première vision, c'est un ensemble assez décevant. Si les artifices du drame sont là et sa morale, il en manque le centre, le coeur. Belle idée que de faire de Tartuffe une oeuvre intemporelle, belle aussi de la faire transcender l'écran; mais on n'est pas bouche bée, ce n'est pas la beauté de Sunrise, ou de Tabu, du Dernier des hommes, ici il semble bien, et quelle tristesse, que la morale dépasse la beauté et l'artisticité.
Un bon metteur en scène allemand du cinéma muet, c'est un procédé intéressant, Nosferatu le vampire expressionniste, ah que c'était bien son rythme, quel style ! Maintenant au tour d'adapter la pièce de théâtre poussiéreuse de Jean Baptiste Poquelin alias Molière, il n'y a pas de lumière, Oh grand Sir William Shakespeare, éclaire la moi de ta plume renaissance...!!!
C'est incroyable, des œuvres indétectables, la langue française d'académie théâtrale rajeunie par une nouvelle technologie, le cinéma original, de la vraie modernité pour montrer cet imposteur de Tartuffe. C'est le micmac chez les bourgeois, user des stratagèmes, voler l'héritage, des confrères et consœurs arnaqués, des manières sans gênes, des intrigues et des intrigues, l'obsession sur le capital royal soleil l'état, miam miam !!
Cest lhistoire dun jeune homme qui, après avoir découvert la supercherie de la gouvernante de son grand père afin de récupérer son héritage, décide de se déguiser et présente en tant que « cinéma à domicile » le film Tartuffe, bien évidemment tiré de la pièce de théâtre afin douvrir les yeux à son grand père. Restauré depuis avec une lumière jaunâtre pas forcément indispensable, ce film muet allemand rayonne dingéniosité et didée. Si le réalisateur modifie et raccourci lhistoire de Tartuffe, elle est malgré tout assez bien rendue grâce, entre autre, aux jeux des acteurs et laffreux hypocrite superbement interprété par Emil Jannings . Lautre histoire, celle du petit fils avec son grand père, reflète courtement lhypocrisie mise en valeur par lhistoire de Tartuffe. Un film vieux, certes mais lapparence de cette vieillesse napparaît pas tant que ça. Un film qui reflète avec classe le génie et la virevolte de ce cinéma oublié.
Une adaptation actualisée, épurée et réussie du classique de Molière par le célèbre scénariste Carl Mayer («Le Cabinet du Docteur Caligari», «L'Aurore»,...), et retouchée par Murnau. Il faut dire, comme de nombreux critiques l'on noté à sa sortie, que la présente version de «Tartuffe» est librement inspirée de Molière et s'en éloigne quelque peu, surtout par l'interprétation « typiquement germanique » (dans son excès) de l'excellent Emil Jannings et les thématiques que le cinéaste allemand a voulu développer. Passons l'étude de l'aspect formel, inventif et moderne, remarquable comme tout film de Murnau qui se respecte, intelligente mise en abyme du cinéma. Intéressons nous plutôt aux thèmes abordés et chers à Murnau. Tout d'abord il s'agit d'un film anticlérical : Tartuffe, hypocrite et faux dévot qui s'en prend aux gens crédules et rongés par la culpabilité, n'y va pas par 4 chemins pour dépouiller ses victimes de leurs biens sous couvert de rigueur religieuse, et offre ainsi un tableau peu reluisant de l'Eglise d'alors. La pièce de Molière, elle-même anticléricale, avait déjà été partiellement censurée ; ce fut la même chose avec le long métrage de Murnau, surtout lors de sa diffusion aux Etats-Unis. La raison de cette aversion de Murnau envers le clergé viens principalement de son homosexualité, fortement réprouvée par la société de son temps. Ensuite, logiquement, il est question de désir sexuel contrarié. La figure du Tartuffe, personnification de l'homme d'église, s'imisce dans le couple jadis aimant pour profiter de la fortune de l'un et abuser de l'amour de l'autre. Là aussi, l'audace de Murnau n'a pas échappé aux ciseaux des censeurs. Enfin, et c'est peut-être l'élément le plus troublant, la partie contemporaine s'achève sur cette question au spectateur : « Et toi, sais-tu donc qui est assis à tes côtés? ». Simple conseil avisé? Mise en garde contre la montée du nazisme? Une chose est sûre, «Tartuffe» est toujours aussi pertinent plus de 80 ans après sa sortie. [3/4] http://artetpoiesis.blogspot.fr/