Si on se doit de voir The Devil's Rejects, ce n'est pas simplement car il s'agit d'un film d'horreur aux scènes trash, ni aux nombreux hommages à Peckinpah et autres, mais bel et bien car Rob Zombie transforme ce qui semble être un slasher de base en film hybride, mélange de road-movie, de western et de film d’horreur, 3 genres qui ont donné un sacré paquet de bons films et typiquement ancrés dans les années 70. L’hommage à cette époque va jusque dans l’utilisation de pellicules 16mm, ce qui donne un grain et un aspect très réalistes et vintage au film. Mais ça n'est pas tout. Rob Zombie parvient à créer des scènes qui transpirent la peur, l'humiliation, et la folie, à travers des jolies musques country. Cette mise en scène est exceptionnelle et offre quelque chose d'inattendu sur nous : on se sent, à certains moments, en sympathie avec les tueurs, bien plus qu'avec le shérif, tout aussi inhumain que cette famille meurtrière. Qui est le bad guy dans cette histoire au final ? Rob Zombie joue avec cela sans jamais donner de réponse concise et c'est ça qui rend le film fort et intense. On n'est pas vraiment d'un coté plus que l'autre et on est en permanence dans le doute, alors que l'on est conscient de la folie et du sadisme de chacun des personnages. Et quels personnages ! Portés par d'immenses acteurs beaucoup trop en arrière plan au cinéma. Et comment ne pas frissonner devant cette bande son magistrale et cette longue scène qui commence par de longs plans aériens suivant une route sur fond du « Free Bird » de Lynyrd Skynyrd, sans doute le morceau le plus emblématique de ce que représente le rock américain. Bref, Rob Zombie réalisé un petit coup de maître, ce n'est pas effrayant mais c'est gore et malsain. Adoré, détesté, The Devil’s Rejects laisse rarement indifférent. C’est que Rob Zombie a signé une oeuvre extrême qui puise sa force dans le grand cinéma d’exploitation énervé des années 70. Poisseux, violent, nihiliste, amoral, The Devil’s Rejects ressemble à une aberration nécessaire au cinéma de genre. Rob Zombie crie haut et fort son amour pour tout un pan du cinéma de genre et signe une oeuvre entière et brutale qui bouscule les conventions morales contemporaines. Un bon film et sans doute son meilleur pour l'instant.