Roland est SDF. Un soir, il voit un homme se jeter d'un pont, laissant une valise dans laquelle il trouve tout l'équipement d'un policier. Chassé du commissariat où il venait signaler sa découverte, il repère la cantine et décide d'y revenir en uniforme. Il tombe sous le charme d'une ancienne hardeuse venue signaler le refus de ses beaux-parents de lui restituer sa fille, et décide de mener l'enquête. Suite à un quiproquo, il enlève un homme d'affaire mêlé à des traffics louches, et réussit à mobiliser tous les SDF du quartier pour retrouver la petite, non sans quelques bavures dont est particulièrement victime l'épicier du coin...
Ce troisième opus d'Albert Dupontel se veut un cartoon social, et la référence au burlesque est explicite, tant dans la narration assez touffue que dans les effets utilisés : zooms, cadrages obliques, bruitages et musique hard-rock, qui finissent par fatiguer par leur systématisme. Albert Dupontel s'applique à lui-même le pire traitement : percussion par divers engins, vol plané depuis le toit d'un bus, ensevelissement sous une armoire, chute du toît d'un hôpital, tout en promenant son air hébété et sa diction approximative au milieu de toutes ces catastrophes qui ne l'atteignent pas plus qu'un toon écrasé par un piano.
L'aspect social se manifeste par le choix du milieu d'origine du héros, celui des SDF, prétexte à des numéros savoureux de deux Deschiens, Yolande Moreau et Bruno Lochet, au milieu d'une véritable cour des miracles, par opposition à un monde des affaires tout aussi caricatural. Il faut soutenir l'existence même de ce film, par ce qu'il amène de différent par rapport à la production française habituelle, et le propos d'Albert Dupontel trouve toute sa justification en cette période de mobilisation contre la précarité. Mais ses choix radicaux peuvent dérouter certains spectateurs gênés par ce rythme qui frise parfois "Benny Hill".
Si la volonté de s'inspirer de Tex Avery produit des effets visuels et sonores qui participent à la signature de ce film, la référence à Chaplin ou à Begnini fonctionne moins bien, et l'appel à l'émotion nuit au rythme de l'ensemble tout en affadissant le propos, faisant de "Enfermés dehors" (quel beau titre !) une version light et édulcorée de "Bernie".
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