Ce n’est pas un grand film, malheureusement, mais un film nécessaire, militant, politique, sur le bataillon des « tirailleurs sénégalais », ces « soldats indigènes » qui ont combattu pour sauver la « mère patrie », laquelle ne leur en a pas été reconnaissante. Elle leur refusait, en cours de guerre, l’égalité de traitement avec les autres soldats (permissions, nourriture, promotions…). Après, au prétexte de l’indépendance de nos anciennes colonies du Maghreb et d’Afrique Noire, la France a tout simplement « gelé » leur pension d’anciens combattants et d’invalidité, au niveau de 1959 ! Problème réglé désormais, merci à Jamel, qui a coproduit et soutenu le film. La décision d'abolir les discriminations entre les tirailleurs et les soldats français a été annoncée officiellement mercredi 27 septembre 2006 à la sortie du Conseil des ministres, date qui correspond…à la sortie du film !
Le film démarre très lentement avec des dialogues pauvrets. Seule la dernière partie, lors des combats dans les Vosges, et dans le petit village alsacien, muet, terrorisé, nous baigne dans un vrai film de guerre, réaliste et poignant et nous conduit à un réel attachement aux personnages, les « bougnoules », chair à canon de l’armée française. Le problème, c’est qu’on est un peu gêné de critiquer le film (par exemple, on adore Jamel, mais le voir soldat avec un fusil n’est pas crédible) en tant qu’œuvre cinématographique : on pense à sa justification, à son utilité, sa nécessité et on espère sa réussite « pédagogique ».