Un peu déçu quand même du film à l’origine du masque devenu aujourd’hui légendaire, symbolisant la révolte populaire, la lutte anonyme contre l’abus de pouvoir, contre la surveillance sournoise des gouvernements et les mensonges d’Etat délibérés. Pourquoi déçu ? Essentiellement par l’aspect excessivement caricatural de ce parti politique opressant et mensonger, tyrannique à outrance et dictatorial sans aucun attrait positif permettant de justifier la soumission et le silence inconditionnel du peuple. Tel que présenté, nul besoin de justicier en fait, les citoyens se seraient révoltés d’eux mêmes ! Le monde n’est pas aussi dupe tout de même, ni aussi lâche. Toutes ces fameuses réunions dans l’ombre où l’intimidant visage du dictateur rageux est exposé en grand écran, tous ces mensonges tous de piètre qualité et ces manoeuvres et discours évidemment opressants, et enfin toute cette propagande agressive véhiculée par les médias, donnent un aspect trop enfantin au sujet, et mettent à mal l’authenticité des faits. On a vraiment l’impression d’être dans une parodie des méchants de James Bond, or ce n’est certainement pas le but recherché. V est pourtant un justicier fantastique, il nous surprends pas ses idées atypiques, nous charme avec son langage complexe qu’il faut réécouter pour en déceler toute la profondeur, et nous épate par son culot et son talent, le tout en préservant le mystère autour de son personnage symbolisé par ce masque très bien dessiné. La manière avec laquelle il a choisi de mener sa lutte contre le pouvoir est extrêmement intéressante, ses méthodes d’influence sur ses disciples ont du mordant, tandis qu’en parallèle l’investigation que mènent les deux enquêteurs présente un point de vue différent mais pertinent. Il aurait juste fallu que ce fameux pouvoir qui est en place soit plus charmeur, plus discret, moins farfelu, et utilise plus subtilement l’art de l’hypocrisie et de la tromperie. Qu’au lieu que l’on ait l’impression d’avoir affaire à un Hitler, que l’on fasse plutôt le rapprochement avec des gouvernements actuels dits démocratiques tandis qu’ils ne manquent pas d’astuces pour nous manipuler sans que l’on s’en rende compte. C’était simplement ça qui hisserait le film à un niveau bien supérieur, à un grade plus élevé. Si ce choix avait été fait, à ce moment là même le manque d’ampleur du jeu de ripostes mutuelles entre les deux clans aurait été moins flagrant, le duel à distance aurait été plus captivant, plus passionnant et enfin le sentiment d’injustice en serait plus profond. Ça ne va pas me révolter non plus, je me soumets pour l’instant à cette version de « V pour Vendetta » qui est assez correcte, dont on comprends les messages véhiculés, en attendant qu’un éventuel prochain remake vienne signer une belle vengeance en se débarassant de ces éléments discréditants.