« The Sandpiper » (Le chevalier des sables) est le dernier film important de Vincente Minnelli. A partir d’un scénario sophistiqué et ambitieux, le réalisateur signe une œuvre remarquable de finesse et d’intelligence. La première heure du film, juste et sans temps morts, est une leçon de construction. Pas un plan inutile ou trop long, pas un mot de trop ni de moins. Cette perfection se laissse perturber dans la deuxième partie par un côté féministe assez désagréable du style tous les hommes sont mauvais, corruptibles et parfaitement égoïstes. Le réalisateur, tant bien que mal, gomme ce côté lourdingue et manichéen, s’attardant davantage sur un naturalisme très rousseauiste, préférant mettre la faute sur une société guidée par l’argent et l’hypocrisie des relations, castratrice et stérile quant à la personnalité et donc la création (thème minnellien s’il en est). Laura est une artiste peintre (tableaux d’Elizabeth Duquette) effrayée par le conformisme du monde en général et de l’éducation formatée en particulier. Ce qu’elle veut éviter à son fils, l’élèvant et l’instruisant elle même. Décrivant la découverte de soi et de de l’autre avec une humanité tout en délicatesse et élégance, la réalisation se pare des couleurs minélienne, avec des tenues rouges et un superbe final en jaune pour Laura Reynolds. Elizabeth Taylor livre une interprétation magnifique de sensibilité et le couple Richard Burton - Eva Marie Saint n’est pas en reste, comme d’ailleurs Charles Bronson (peut être son meilleur rôle) et Robert Webber, prouvant s’il en était encore besoin, la justesse et la précision de la direction d’acteur de Minnelli (par contre le juge, vraiment?). Au milieu de superproductions plus ruineuses les unes que les autres, réaction aussi suicidaire que mal maîtrisée d’un Hollywood agonisant face à la télévision, “The Sandpiper” est le chant du cygne d’une certaine époque, mais également pour l’oeuvre de l’immense Vincente Minnelli. Ce constat rend encore plus douloureuse cette infinite mélancolie, jusqu’à la fin accompagnée par “The Shadow of Your Smile”. Tube oscarisé qui fera le tour du monde avec ses nombreuses interprétations.