En 1953, Ian Fleming écrit son premier roman "Casino Royale" (traduit en français par "Espion, faîtes vos jeux"). Le film homonyme de 2006 se base énormément sur ce que Fleming a écrit.
1954 marque la première adaptation télé de ce roman : James Bond (alors incarné par Barry Nelson : "Shining" est la dernière apparition de l'acteur à l'écran), le temps d'un épisode, affronte Le Chiffre.
Le "Casino royale" de 1967 au cinéma, de John Huston (à qui l'on doit "Reflets dans un oeil d'or" avec Brando notamment !) parmi d'autres, se base aussi sur Ian Fleming : Le Chiffre est aussi un adversaire de James Bond (incarné ici par David Niven, connu pour avoir joué dans "Le cerveau" avec Bébel) que ce dernier doit battre aux cartes.
Le "Casino royale" de 2006 se base énormément sur ces trois pièces. La version de 2006 est la suivante : pour sa première mission, James Bond, tout juste promu agent double, doit affronter son premier ennemi, Le Chiffre... .
Servi d'un très bon scénario, on aurait pu avoir une consistance royale, surtout de la part de Paul Haggis (réalisateur-scénariste de "Collision" et de "Dans la vallée d'Elah"). En dépit de cela, on a affaire à des scènes qui ne raccrochent pas directement au fil conducteur principal (exemple de Venise, à la fin). Et c'est là que le pari James Bond pêche. Ce pari aurait pu être mieux, car se basant sur la première mission 007, il aurait pu ressortir un James Bond novateur, expliquant son point faible, une blessure d'amour, qui est trop vaguement expliquée (vers la fin en plus !).
Il pêche aussi sur l'interprétation principale, à savoir Daniel Craig. Hormis sa non correspondance physique avec les romaux originaux (James Bond a les yeux marrons et les cheveux bruns), Daniel Craig s'avère brutal et sans consistance envers les autres personnages. Il semble macho et mysogine à un point que je n'aurais jamais imaginé. Eva Green (la fille de Marlène Jobert, actrice populaire des 70's notamment), en femme vénéneuse, ne transperce pas l'écran et n'arrive jamais à se faire ressortir du lot. Mads Mikkelsen, en revanche, campe un méchant digne des futurs (anciens) de la saga, à limage de Christopher Lee.
De plus, côté musique et générique, c'est le foutoire : pas d'ouverture, de séquence introductive et de chanson de générique frappante. Quelle honte de la part du duo Michael G. Wilson/Barbara Broccoli à la production ! En plus, David Arnold nous reprend le thème original de Monty Norman pour nous la servir façon "Mission impossible 2" de Limp Bizkit. C'est d'une indigestion !!
Une autre raison de ne pas aimer ? L'ensemble, rondement mené par notre ami Martin Campbell (le tonitruant "Goldeneye", c'est lui !!), se déguste d'une manière bien particulière car la réalisation n'est pas dotée de suspense, de courses-poursuites haletantes, d'aventures divines et de combats revigorants.
"Casino royale" nous laisse sur un point de non-retour où la case départ est plus négligeante que la case arrivée, quoiqu'un brin sur-estimée.
Spectateurs, je vous déconseille fortement car ceci n'est plus l'esprit Brosnan, Moore ou même Connery. Il s'agit d'un Bond royalement parti on ne sait où. Préférez largement un Lazenby déchaîné à souhait !
PS : ce prologue ne s'affranchit pas de ces homologues ("Terminator renaissance" et "Conan : au commencement" par exemple...). A méditer.