James Bond et moi, ça fait deux. Autant le dire tout de suite.
Aujourd’hui, il est quasiment impossible d’être passé à côté de l’engouement pour l’agent secret le plus célèbre du cinéma. La récente sortie de « Skyfall » a encore permis à James Bond, et plus particulièrement Daniel Craig, d’atteindre un pic inédit de succès. C’est donc avec six années de retard que « Casino Royale » entre dans mon lecteur DVD.
C’est avec une grande surprise que j’ai apprécié ce vingt-et-unième James Bond. Tous les ingrédients sont mis dans la même marmite pour en faire finalement donner un film excellent, doté de nombreux atouts. Le héros du film est bien sûr Daniel Craig. Ce dernier crève littéralement l’écran, sa présence est le principal atout de ce « Casino Royale » (un autre acteur n’aurait pas pu atteindre ce degré de perfection). En plus d’avoir une superbe classe naturelle (qu’ils sont jolis les costards !), il séduit le spectateur avec un regard pénétrant et des gimmicks propres à lui seul. Il suffit de regarder sa démarche pour savoir ce qu’est un grand acteur. La facette sombre de James Bond est plus mise en relief, il est autant violent que secret, ce qui colle parfaitement au Bond du roman. On peut le rapprocher des derniers Batman de Nolan : une sorte de nouvelle relecture, plus franche et plus humaine. Daniel Craig donne d’ailleurs un côté beaucoup plus humain à son personnage, il a mal quand il se blesse, il réconforte quand ça va mal etc. L’attachement qu’on lui porte n’en est que renforcé. Son état après le combat dans les escaliers, par exemple : il est bien amoché. On ne fait plus semblant ! Même chose pour les tortures qui lui sont appliquées, l’invincibilité du personnage disparait enfin. Daniel Craig est un puits à qualités, son humour froid et souvent noir est jouissif, il impose James Bond comme un espion gentleman. Une nouvelle légende est née, mes amis !
Avec l’excellent jeu d’acteur de Daniel Craig, on aurait pu croire que le reste du casting passerait à la trappe… et on se trompe fort bien ! L’autre homme fort de «Casino Royale » est Mads Mikkelsen, qui interprète le principal méchant : Le Chiffre. Et là, on touche encore une fois à la perfection. Mikkelsen campe un méchant qui dégage des interrogations et une sorte d’intimidation assez bizarre. En partie à cause de son fameux œil, il est machiavélique et un peu effrayant sur les bords. Sa folie est palpable, tout comme l’incroyable tension qui se propage lors des parties de poker où Bond et Le Chiffre de livre à duel au sommet. On ne sait strictement rien de lui, à part ses intentions et envies, le personnage s’en voit encore plus intéréssant. Eva Green est la James Bond Girl de «Casino Royale », et il faut reconnaitre qu’elle s’en sort avec les honneurs. Bien que peu sexy (question de goûts), elle captive l’attention du spectateur… on croit voir clair dans son jeu alors qu’en fait, elle cache certaines choses surprenantes. Le duo qu’elle forme avec Daniel Craig est excellent, leur premier échange dans l’avion est un moment d’anthologique. Les phrases sorties sont à mourir de rire et d’une finesse délicieuse. Et c’est comme ça tout au long de film, tandis que certains passages sont drôles, d’autres montrent une autre face des deux amants (dans la douche, un moment fort, surtout pour James Bond, qui dévoile au fur et à mesure son vrai profil). Leurs relations évoluent sans cesse, jusqu’au final qui aboutit à une sacrée conclusion.
La mission première de « Casino Royale » est d’en foutre plein les gencives, et la mission est très bien accomplie ! Le film se coupe en trois parties : la première et la dernière sont des purs moments d’action à la hauteur des espérances. La première scène est grandiose, certainement une des courses poursuites les plus haletantes du cinéma. Les cascadeurs (ou alors les acteurs si ils réalisent leurs propres cascades) sont très impressionnants, que d’adrénaline ! Le final, une sorte de huit-clos à grande envergure est un petit plaisir coupable, qui ne tombe jamais dans le too-much à gogo. Fait assez rare, James Bond utilise peu de gadgets, ce n’est pas plus mal d’un côté : les poings et pieds suffisent amplement ! La partie centrale « Casino Royale » se déroule dans le casino justement, et c’est la meilleure partie. Entre les matchs de tournois sous haute tension, les bastons et les empoisonnements, on est comblés comme des petits chefs ! La scène de l’empoissonnement est la plus bandante des deux heures et quart, c’est tout simplement énorme. Bond/ Craig is King.
« Casino Royale » me réconcilie avec James Bond. Dire que c’est un chef d’œuvre est un peu gros, mais le film s’en approche dangereusement. Avec des acteurs épatants (surtout le magnifique Daniel Craig), de l’action à crever, des dialogues jouissifs, des superbes costumes, « Casino Royale » s’impose comme un poids-lourd du cinéma des années 2000 !