Un des meilleurs James Bond qui nous a été permis de voir, pour ne pas dire le meilleur, tout du moins jusqu’à l’arrivée de "Skyfall". Mais revenons-en à ce "Casino Royale" qui bouscule plus ou moins ce que nous avions eu l’habitude de voir jusqu’à présent. Nous avons toujours une scène pré-générique, véritable marque de fabrique de la franchise, sauf que cette fois elle est tournée en noir et blanc, avec un Daniel Craig qui en impose avec son regard fixe pesant qui ne fait pas dans la dentelle. Après tout, un agent du MI6 n’est pas là pour enfiler les perles et est autorisé à tuer si le besoin en est. Avec les technologies toujours plus modernes au fur et à mesure que les années passent, le besoin de satisfaire toujours un peu plus le public est bien réel. Pour cela, il faut savoir renouveler le genre et lui en mettre plein les mirettes. Ainsi, on se dirige doucement vers le toujours plus d’action, plus de spectaculaire. Un non-sens si on considère qu’un espion doit opérer dans la plus grande discrétion, surtout que si on pousse la logique jusqu’au bout, bon nombre de sociétés d’assurance doivent être contraintes de déposer le bilan au vu des dégâts occasionnés par l’intenable 007. Mais on s’en fout, notre plaisir des yeux est largement récompensé, par un scénario brillant et peut-être un peu moins compliqué que ce qu’on a eu par le passé. Daniel Craig fait un agent très sérieux qui doit accomplir sa mission quoi qu’il advienne, Mads Mikkelsen fait un beau méchant digne des plus grands méchants de la saga (bon, il faut dire qu’il a bien la tête de l’emploi), et la petite française Eva Green apporte son lot de charme tout en occupant un rôle de choix. Mais là où cet énième épisode de la saga se démarque, c’est que nous rentrons davantage dans la psychologie du plus célèbre espion de la planète, en écornant sa carapace. Le final est d’ailleurs poignant. La réalisation est parfaitement rythmée, les moments de tension captivants comme jamais, rendant le poker plus intéressant que jamais en misant non pas sur son propre jeu mais sur l’adversaire. Malgré tout, il y a quelques erreurs scénaristiques, souvent inévitables quand on veut faire du grand spectacle. Ainsi, le bâtiment de Venise parait incroyablement friable puisqu’on voit plusieurs gros morceaux tomber carrément en poussière, il ne bascule jamais définitivement d’un côté ou de l’autre sans égratigner les bâtiments voisins, et ne sombre pas complètement alors que l’eau continue à bouillonner et passe même par-dessus la partie non immergée. Dommage, c’est ce qui m’empêche de donner un 5/5 à ce James Bond de haute volée, mais bon sang que c’est excellent ! Bravo à Martin Campbell qui a su élever son niveau depuis son précédent James Bond, 11 ans auparavant : "Goldeneye".