C'est toujours très beau, "très carré"... Comme une invite à tenir compte de sa petite voix intérieure, celle qui suggère "tu ne dois pas" et qu'on écoute seulement quand ça arrange... Wang Chao filme la crudité des situations que le désir physique engendre, autant du mari que de la femme qui succombe, toujours cette notion de destinée imparable. Mais je trouve que le personnage principal s'affranchit complètement de son dérapage (et aussi de sa brutalité !), quand bien même il effectue une légère entorse à sa prévision pour mieux lâcher prise en s'éclipsant. Et tout au long du film, on perçoit la générosité qui s'apprend au fil des épreuves. Parfait, mais encore un peu longuet pour les occidentaux !
Je dis souvent que l'art n'a de sens que s'il a quelque chose à dire, j'ai donc été servi avec Jour et Nuit. Les thématiques sont nombreuses, et l'auteur n'hésite pas à dresser des tableaux pessimistes sur la société chinoise, mais aussi et surtout sur la nature humaine. Grâce à une grande finesse, il évite également tout jugement de valeur et se contente de constater, laissant le reste à la discretion du spectateur. Les faiblesses humaines sont montrées, et l'inéluctable recommencement parfaitement mis en avant.
Cela dit, je regrette que sous des prétextes intimistes on se permette de tourner un film n'importe comment. Je ne suis pas contre la lenteur, le cinéma d'auteur et les films d'ambiance (au contraire). Cela dit, le film souffre très clairement de sa mise en scène trop simpliste (n'en déplaise à certains). Cette succession de plans fixes est une facilité narrative, et c'est bien dommage. Une belle image et un (très) beau cadrage ne suffisent pas. Le spectateur a donc bien du mal à rentrer dans le film.
Dommage car sur le fond, il n'y a rien à critiquer.