Un film étrange que ce Joy. Certains le comparent aux Emmanuelle, peut-être, par la dimension érotique classieux, mais en fait ce n’est pas que cela et au final le métrage est étonnant, avec une intrigue curieuse, des évènements bizarres, une ambiance surprenante. Pour tout dire j’ai trouvé ce film assez fascinant.
Je crois qu’il doit beaucoup à son esthétique bien sûr. Le film arrive à être très élégant, raffiné, presque académique parfois, sans pour autant se départir d’une vraie personnalité. Il y a des décors vraiment très excentriques (la ville néo-grecque), toujours très luxueux, et cela donne une étrange singularité au métrage. Ce n’est pas juste pompeux, on sent les moyens bien sûr, mais de l’originalité, de la singularité aussi, et c’est très bon. La photographie est de qualité, et Bergonzelli livre une mise en scène ample, parfois majestueuse, très percutante aussi dans les scènes érotiques, et livre un film qui ressemble fort à ces nombreuses grandes fresques érotiques italiennes sorties à peu près à la même époque, en termes d’ampleur et de moyen. Le tout servi par une bande son un peu répétitive mais plaisante.
Peu critiquable sur la forme, le film distille une histoire assez étrange. En fait on suit une tranche de vie de l’héroïne, qui voyage et a des mœurs surprenantes. En soi on se dit que ça va être long, pénible, et pourtant. Il y a un côté happant. On croise beaucoup de personnages singuliers, il y a des scènes qui frôlent l’onirisme (le final, la ville néo-grecque…), il y a d’improbables moments comiques qui flirtent avec le surréalisme (la pub), d’autres d’une grivoiserie iconoclaste, c’est une sorte de pot-pourri déconcertant, et on a l’impression de plonger dans une sorte de rêve, avec des visions, des disparitions, des apparitions qui s’entrechoquent de façon étonnante. Je partais vraiment dubitatif pensant assister aux fantasmes érotiques d’une petite bourgeoise, mais en fait c’est beaucoup plus attrayant, avec des moments de pur délire, des folies, pour un résultat détonnant.
Evidemment un bon film doit avoir un bon casting, et je dois dire que ça tient. Alors c’est vrai le doublage de l’héroïne (actrice américaine) est assez mauvais, et l’actrice a un jeu un peu décalé, mais en fait ça convient extrêmement bien à la dimension surréaliste et onirique du film. Claudia Udy est en plus d’une beauté époustouflante, d’un charisme incroyable, et je trouve que le film a superbement exploité et sa photogénie et son jeu décalé. Elle est entourée de seconds rôles peu connus, mais tous efficaces, mais il faut avouer qu’Udy détonne.
Je consacrerai quand même un petit paragraphe sur l’érotisme du film. C’est érotique, mais assez explicite, mais les scènes sont vraiment incroyables pour certaines, d’une très grande beauté formelle, et c’est toujours vraiment singulier, à l’image du film.
Honnêtement je ne pensais pas dire autant de bien de ce film que je voyais comme un érotique luxueux sans âme et fadasse. Et bien pas du tout. C’est très classe certes, mais c’est aussi très singulier, riche, et d’une étonnante séduction. Une petite pépite dans le genre. 5