Trauma de guerre.
Scénariste du nerveux "Training day", David Ayer met en scène son premier film... réalisation réussie haut la main. De retour aux States, Jim David (un Christian Bale sidérant) est hanté par les souvenirs traumatisants de la Guerre du Golfe, à laquelle il a pris part. La réalité au quotidien est éprouvante, d'autant plus qu'il s'efforce de trouver un boulot qui lui permettrait de se resociabiliser... Dans l'attente intenable d'une réponse favorable, il va s'autodétruire, en compagnie de son pote de toujours, Mike Alvarez (Freddy Rodriguez, le thanatopracteur de "Six feet under", très convaincant): alcool, joints, femmes, bagarres,... La poudrière de L.A., où les différentes ethnies essaient de cohabiter tant bien que mal, aura l'effet pour cette tête brûlée, de le faire sortir de ses gonds... jusqu'à l'irrémédiable. David Ayer capte remarquablement l'environnement étouffant dans lequel évoluent ses habitants, prêts à bondir, tant ils sont à fleur de peau face à la violence, le chômage, l'insécurité, le racisme... grandissants. En cela, il semble suivre la même trajectoire que Paul Haggis ("Collision"), et pourrait devenir le successeur potentiel de Michael Mann, le maître en la matière pour si bien décrire l'oppression du milieu urbain. La force de "Bad times" tient au duo schizophrénique Christian Bale (le mal) - Freddy Rodriguez (le bien), avec sa conception dualiste de l'âme, où le mauvais pôle reprend le plus souvent le dessus, redoublé par cette guerre inutile. Christian Bale, découvert par Steven Spielberg ("L'Empire du soleil"), ne cesse de prouver son génie d'acteur, par ses compositions poussées à l'extrême (dont "American psycho") et le choix de très grands réalisateurs actuels (Todd Haynes, Christopher Nolan, Terrence Malick, Werner Herzog). En somme, une variation californienne et moderne de "Taxi driver".