On s'imagine connaitre l'ampleur et les raisons de la misére en Afrique alors qu'il n'en est rien.
J'ai failli quitter la salle au moment où un gamin des rues qui est dans un état pitoyable, explique avec un regard mal assuré que, plus tard, il aimerait etre instituteur. Le traducteur Tanzanien ne peut étouffer un petit ricanement car le gosse ne sait probablement ni lire ni écrire et qu'il sera surement mort avant d'avoir atteint l'age de la majorité.
Ce rire était surement plus nerveux et provoqué par la douleur due à la connaissance de la situation de ses concitoyens qu'autre chose mais, le gamin qui hésitait déjà à s'exprimer et qui, malgré tout, s'était un peu ouvert, baisse les yeux, car il a compris qu'il a donné sa confiance à tort. Il reprend l'attitude fermée qu'il avait au début, car ces adultes là sous-entendent que, pour lui, l'avenir n'existe pas.
Hubert Sauper nous offre un regard et une réflexion sur cette partie de l'Afrique comme on en diffuse jamais. Outre des images d'une extreme crudité sur les conditions de vie de la population et une constatation de l'épuisement des ressources organisé par nos soins, il nous montre comment, en Tanzanie, des tonnes de poisson et de riz peché et cultivé par les travailleurs locaux qui ne gagnent pas assez pour acheter le fruit de leur travail partent, chaque jour, en direction de l'occident tandis que la famine sévit dans le pays.
Il nous présente, à travers les paroles d'un veilleur Tanzanien, la guerre comme unique moyen d'obtenir de la nourriture. Le travailleur explique que les Tanzaniens espérent majoritairement l'arrivée d'une guerre qui aura pour conséquence l'envoi de nourriture en provenance de l'occident...
Et dans le meme temps, les avions Russes chargés d'acheminer le poisson en Europe, aménent dans le pays, des armes de chez nous, sans lesquelles ladite guerre demeurerait impossible.
Mais, grace à elles, nous aurons enfin une bonne occasion de leur renvoyer leurs sacs de riz...