Bouzi Bouzouf aime, vénère « Tous en scène » de Vincente Minnelli, avec un Fred Astaire d'une classe absolue et d'une élasticité assez incroyable pour ses 54 ans (le film propose une mise en abîme très humoristique autour de l'âge « avancé » de la star), et une Cyd Charisse éblouissante, incarnation vivante de la grâce, à l'aise aussi bien dans la peau de la jeune femme virginale habillée de blanc que dans celle de la vamp sexuellement agressive habillée de rouge. Bouzi pourrait parler pendant des semaines sans interruption des séquences musicales qui l'ont subjugué durant les deux heures de ce formidable spectacle, le numéro du début avec le cireur de chaussures, la fameuse chanson « That's entertainement » (« C'est du divertissement » pour les moins familiers d'entre vous à la langue de Susan Boyle et Wayne Rooney ; un titre qui pourrait être la devise du monde d'aujourd'hui), la danse dans le parc pendant laquelle Fred et Cyd, Cyd et Fred, semblent fusionner tant leur connexion corporelle est parfaite (si tu n'as pas les larmes aux yeux en regardant cette scène, lecteur, c'est que tu es très attardé sur le plan émotionnel) ; oui, Bouzi pourrait parler pendant des mois de tout cela. Mais, là, il va surtout s'arrêter sur la fa-bu-leuse séquence qui clôt le film, intitulée « Girl Hunt », où, dans un magnifique décor de film noir très « art déco », Fred Astaire joue un détective qui mène une enquête (en dansant, cela va de soi) au cours de laquelle il va rencontrer une blonde fragile et une brune sulfureuse (dédoublement oxymorique de la femme : un élément incontournable du code du film noir). Ce numéro est d'une inventivité et d'une beauté à couper le souffle ; et la danse finale mettant en scène Fred et Cyd est renversante d'énergie et d'élégance. Cette danse est tout simplement la réponse aux problèmes du monde, à la crise, à la perte des valeurs, à la famine, à la violence, au crâne chauve d'Éric Woerth. Cette danse, c'est la vie, ni plus ni moins. La vraie vie.