Le scénario a donc pris pour pivot la figure exceptionnelle de Marie Bonaparte, qui marqua, par son lien avec Freud, premiers temps de la psychanalyse. Avec une grande précision et beaucoup de délicatesse, le réalisateur montre comment, dès le début de l'invention freudienne, celle-ci est tributaire des contingences qui la font accueillir, par telle ou tel, ici ou là. La psychanalyse est affaire de parole, de discours et donc de malentendus. Elle ne peut y échapper, ce qui la rend vulnérable, mais elle se fortifie du savoir que l'expérience même d'une psychanalyse produit, quant aux effets de la parole sur le corps vivant et sur les liens d'amour, d'amitié, de travail. Ni éloge, ni caricature, le film de Benoît Jacquot "Princesse Marie" fait entendre, au-delà de ce qu'il montre, que la psychanalyse est une discipline exigeante, qui renouvelle la clinique de la parole, le rapport du sujet à tous les savoirs, ce qui n'est pas sans conséquence sur la position citoyenne de chacun. NGL