Princesse Marie est un téléfilm de qualité, très bien interprété avec Heinz Bennent incarnant un Freud plus vrai que nature. L'histoire est focalisée sur la psychanalyse de la Princesse Marie et de l'amitié qui va naître entre la patiente et le docteur Freud mais ce beau téléfilm nous montre aussi comment Freud et sa famille devront quitter Vienne face à la montée du nazisme. Ce téléfilm est bien la preuve que la télévision ne produit pas forcément que des niaiseries.
Benoît Jacquot nous replonge dans le Vienne de l'entre deux guerres au moment où les théories révolutionnaires de Freud sur l'inconscient lui ont permit de devenir le chef de file du mouvement psychanalytique. La princesse de Grèce, Marie Bonaparte arrière petite nièce de l'empereur est une intellectuelle qui défie les convenances de son temps. Elle n'entend pas se résigner à une frigidité qui la prive de son épanouissement total de femme. Une quête revendiquée pour le moins avant-gardiste dans la société bourgeoise de l'époque . Freud est vieillissant et malade et il se laisse aller malgré des réticences de principe aux sollicitudes de la princesse qui étend progressivement son influence sur toute la famille. Cette protection devenue un moment envahissante sera très utile quand la famille du grand homme sera menacée par la traque des juifs menée par les nazis au coeur même de la capitale autrichienne. Comme beaucoup de juifs à cette époque, Freud n'a pas eu la lucidité de partir dès les premières brimades. Il faudra tout l'acharnement et la prise de risque de la princesse pour lui permettre de finir ses jours à Londres. Au-delà de la relation entre deux intellectuels qui se solde par une tranmission de témoin implicite ce qui frappe c'est la puissance de l'argent qui permet à cette descendante lointaine de Bonaparte de déplacer des montagnes en dépensant des sommes folles sans jamais s'encombrer un instant d'une quelconque comptabilité. Catherine Deneuve et Heinz Bennent très convaincants permettent de faire passer une démonstration parfois un peu trop étirée en longueur. Enfin la reconstitution de l'époque est fort bien menée pour une fiction de télévision même de prestige.
princesse marie est un téléfilm très moyen de Benoît Jacquot. La mise en scène du réalisateur n’a rien d’exceptionnelle et le film est parfois un peu mou. Mais le scénario est travaillé et l’histoire est intéressante. De plus les acteurs comme Catherine Deneuve, Heinz Bennent ou encore Anne Bennent sont corrects dans leurs rôles.
Le scénario a donc pris pour pivot la figure exceptionnelle de Marie Bonaparte, qui marqua, par son lien avec Freud, premiers temps de la psychanalyse. Avec une grande précision et beaucoup de délicatesse, le réalisateur montre comment, dès le début de l'invention freudienne, celle-ci est tributaire des contingences qui la font accueillir, par telle ou tel, ici ou là. La psychanalyse est affaire de parole, de discours et donc de malentendus. Elle ne peut y échapper, ce qui la rend vulnérable, mais elle se fortifie du savoir que l'expérience même d'une psychanalyse produit, quant aux effets de la parole sur le corps vivant et sur les liens d'amour, d'amitié, de travail. Ni éloge, ni caricature, le film de Benoît Jacquot "Princesse Marie" fait entendre, au-delà de ce qu'il montre, que la psychanalyse est une discipline exigeante, qui renouvelle la clinique de la parole, le rapport du sujet à tous les savoirs, ce qui n'est pas sans conséquence sur la position citoyenne de chacun. NGL