La vengeance des monstres est un petit film typique de Larry Cohen : c’est-à-dire pas vraiment mauvais, mais franchement pas très enthousiasmant non plus.
Le casting est assez bon, avec des acteurs globalement à la hauteur, notamment Michael Moriarty, pas connu mais honorable à l’écran. Il est accompagné d’autres interprètes eux aussi assez anonymes, sauf peut-être Karen Black et James Dixon, déjà vu dans les précédents métrages de la saga et à l’expérience rodée dans le domaine du film fantastique de série B. Globalement les personnages ne sont pas mauvais non plus, avec toujours ce point positif chez Larry Cohen de donner un peu de relief à ses rôles, en adéquation d’ailleurs avec le côté dénonciateur et engagé de ses films.
Le scénario est donc comme souvent chez Cohen porteur de sens, avec une dimension sociétale réelle, qui pourra toujours trouver un écho de nos jours. Le souci c’est comme beaucoup de métrages du réalisateur, que La vengeance des monstres devient ainsi assez vite bizarre. En effet, mêlant horreur, satyre sociale, comédie, film d’aventure, on se retrouve vite avec un pot-pourri qui part dans tout les sens, se disperse, et fini par ne plus donner grand-chose à l’écran. L’horreur s’exprime dans quelques scènes disparates, la dimension aventure se limite à des balades dans la jungle, la comédie peine à franchement faire rire, et il reste alors la satire sociale qui au milieu de tout cela peine à prendre. N’est pas Verhoeven qui veut, et il faut avouer que du coup La vengeance des monstres fait un peu penser au Terrain miné de Seagal : de belles attentions dans le message, mais un rendu foutraque, des maladresses trop nombreuses, quelques moments aux limites du ridicule l’affaiblisse beaucoup.
La réalisation est sobre, pas mauvaise mais assez timorée, avec un Cohen versatile. Un coup il semble vouloir nous donner une belle scène horrifique (celle d’ouverture est pas mal), puis un autre coup sans grande raison il nous assène un hors-champs frustrant. Il y a des passages ratés aussi, notamment sur la plage ou sur les toits. Il y a avait franchement mieux à faire que ce que nous a livré Cohen dans ces deux moments. En revanche il utilise bien les décors de l’ile. Offrant de beaux paysages naturels, il aurait été clairement plus judicieux de faire se dérouler le film dans ces décors, et d’offrir un métrage exotique qui y aurait clairement gagné. La photographie reste de bonne tenue pour un film des années 80. Sans fioriture dans son style habituel, Cohen propose une ambiance sombre et urbaine. Les effets spéciaux sont assez médiocres. Outre des effets horrifiques globalement très moyens, le film propose des créatures trop peu convaincantes. Si quelques scènes font illusion avec les bébés (le seul passage où l’un d’eux apparait en entier est curieusement le meilleur), en revanche les monstres adultes ne convainc pas. Pas qu’ils soient mauvais, mais le film se refuse catégoriquement de les montrer de manière naturelle, et cherche toujours à les cacher, de sorte que finalement ça devient vite agaçant. On peut comprendre qu’un film à petit budget cache ses monstres en animatronique ou en images de synthèse, car c’est difficile à montrer de manière crédible, mais là qu’il suffisait d’un maquillage ou d’un masque c’est frustrant. Sinon la bande son est assez décevante, rien à retenir de ce côté.
Au final La vengeance des monstres n’est pas un bien grand film d’horreur. Pas absolument défectueux, il est bien aidé par un concept désormais rodé qui a fait ses preuves, par des acteurs à la hauteur, par un rythme assez plaisant, quelques qualités de ci de là, mais comme la plupart des films de Cohen il reste juste moyen. 2.5