Extraordinaire ! Bruno Ganz est tout simplement époustouflant et incarne parfaitement la dualité entre le monstre politique et l'être humain. La folie meurtrière des hommes perdus, du peuple aux grands généraux de la Wermacht ou chefs SS, tout y est : le jusqu'au boutisme ou non malgré l'horreur et l'absurdité. Tout ce savant micmac orchestré par le système nazi est divulgué : on a participé, on est trempé, on suit ou on (ou au nom de) est éxécuté, ou l'on se suicide de toute façon par obligation.
Et le plus intéressant est pour une fois la place laissé aux femmes, sans mièvrerie, des femmes fortes, émancipées pour le système et même l'époque, tout en restant fidèles à la vision idéaliste des 3 K nazie : Kinder, Kuchen, Kirche.
La seule femme a survivre est celle non mariée à un monstre, donc non aliénée totalement à un système ce qui lui sauvera la vie, l'âme puiqu'elle pourra avoir des doutes, des remords, des regrets toute son existence, et c'est long de vivre plus de 50 ans avec un tel poids de culpabilité... ce qui est noble aussi, c'est d'avoir pu montrer aussi justement la souffrance d'un peuple face à ses monstres qu'ils ont certes élu mais dans quel chaos politique, sous quelle terreur et ce sont peut-être uniquement les civils, car souvent inconscients qui ont eu des remords, pas les bourreaux !
En effet, les bourreaux ne sont pas non plus victimisés, ni rendus outrageusement sympathiques : la critique de Marc Ferro est hors propos, apparemment nous n'avons pas vu le même film, justement que le fait de la question des camps de concentration et d'extermination n'ait été abordée qu'avec pudeur de par le témoignage de la secrétaire et à la fin ne discrédite nullement le film.
Mais M. Ferro n'a-t-il peut-être vu que le film en VF, ce qui expliquerait bien des choses, le ton étant à tous points de vue beaucoup plus soft, à voir donc en VO sous-titrée !
Un film qui, comme tous ceux qui dérangent, a le mérite d'exister.