Un intérêt majeur du film de Oliver Hirschbiegel est notamment d’ausculter au plus près, les derniers moments, dans la tête de cet horrible boucher du dernier siècle. Point question d’empathie évidemment, mais juste, on y voit plus que jamais l’exacerbation de ses névroses, sa folie, ses complexes, sa démesure, et finalement une déchéance crasse, une décrépitude morbide. Face potentiellement à 3 millions de Berlinois qui cherchent à fuir les Russes (…), Hiltler assène : « Les civils n’ont pas d’importance dans cette affaire ». S’il est plus ou moins doux et calme parfois avec son premier cercle, rien n’enlève les oripeaux du barbare violent, ou alors le message est qu’il était impossible de filmer sa toute fin, ce qui de fait, est absurde.
Souvent, l’on évoque la petite histoire dans la grande, ici c’est un peu la grande histoire dans son intimité la plus directe, et donc, forcément c’est captivant. Entre les officiers Hitlériens jusqu’auboutistes, prêt à l’accompagner en enfer et ceux qui ajoutent la lâcheté à leur intrinsèque ignominie, et les enfants, qui comme d’hab, eux n’ont rien demandé…
Dans « La chute », la performance de Bruno Ganz est assez unique. Une telle incarnation, un tel engagement dans ce moment si ambigu de la petitesse du plus grand des salauds, permet à l’acteur de déplier un talent sans limites. C’est tout simplement impressionnant, une interprétation vertigineuse.
« La chute » demeure un témoignage aussi précieux qu’unique dans l’originalité de son parti pris. Il observe au microscope le monstre, la bête, et on en sort d’autant plus convaincu de la folie d’un dictateur, encore plus horrifié de ce pourraient être aujourd’hui ses atroces successeurs…