Quand on a lu le roman de Paul Féval, "Le Bossu", on ne peut qu'être déçu, jusqu'à la consternation, par les adaptations cinématographiques successives de l'ouvrage, sauf par la première, celle de Jean Dalannoy, en 1944, avec Pierre Blanchar dans le rôle de Lagardère. Déjà, le film de Hunebelle, "Le Bossu", de 1960, avec Jean Marais, était dérisoire par rapport au précédent, tout comme celui de Philippe de Broca, avec Daniel Auteuil, en 1997, en dépit de personnages vraisemblables, comme Gonzague, Peyrolles et le Régent. Tout le reste était ridicule et invraisemblable. Ni Jean Marais, ni Daniel Auteuil n'incarnaient le chevalier de Lagardère.
Quant au film le plus récent, de Henri Helman, il est d'une vulgarité exemplaire. Tout le contexte historique, la banqueroute de la première banque royale, créée par John Law, sous le régent, les décors inexistants, les costumes ridicules, les perruques faites de la bourre de fox terrier à poil dur, Aurore de Nevers transformée en traînée, maniant l'épée, comme la fille de d'Artagnan — ridicule —, le chevalier jouant les Bruce Lee, cette transposition de l'aristocratie de Versailles dans les bouges de Belleville est simplement dérisoire. Paul Féval doit se retourner dans sa tombe.
Bref, tout cela est pire encore que les grotesques adaptations des romans historiques de Hugo et Dumas — "Les Misérables", "Le Comte de Monte-Cristo" — par José Dayan. Il est vrai que personne n'a été à la hauteur de Harry Baur, dans le rôle de Jean Valjean, ni Gabin, ni Belmondo, ni Lino Ventura et personne n'a fait mieux que Pierre Richard Wilm dans Monte-Cristo — et surtout pas Depardieu, archétype de la trahison du personnage.
Le seul mérite du film de Helman, c'est le mouvement, au moins au départ, mais il y avait du mouvement dans le film de Delannoy. Quant à la reconstitution historique, il n'y en a aucune. Pourquoi, diable, tirer un scénario d'un roman historique pour le dénaturer, avec une absence totale d'atmosphère ? Nul ! Archin