800ème critique sur Sens Critique. Fallait que je choisisse un film que j'aime un minimum, avec un acteur que j'apprécie réellement. Le réalisateur était optionnel, mais ça tombe bien, c'est un grand faiseur de chef-d'oeuvres. Réunissez de nouveau Frankenstein avec Peter Cushing et Terence Fisher, et vous aurez de quoi prendre un panar total et incroyable pendant plus d'une heure et demi, temps un poil trop court pour une telle oeuvre. Mais d'un autre côté, le film ne s'embarque pas dans des dialogues et des situations inutiles; car s'il est court, c'est qu'il l'est pour garder un bon rythme, pour intéresser le spectateur comme il se doit. Fisher fait donc preuve d'une grande maîtrise de son art, pour changer; maîtrise doublement mise en avant par son travail de mise en scène propre et efficace, sans bavure et très plaisant. Fisher avait ce petit quelque chose qui le démarquait de tous les autres faiseurs d'oeuvres fantastiques de la Hammer; unique, inoubliable metteur en scène de ce chef-d'oeuvre de premier Frankenstein, il réalisait ses métrages comme aucun autre ne l'a jamais fait dans le genre. Un film dont il se chargeait, c'était presque constamment gage de qualité. Bien entendu, il en va de même pour ce troisième ou quatrième Frankenstein ( la Hammer a produit tellement de suites aux Frankenstein et Dracula initiaux que je m'y perds quelques peu ). Sous sa tutelle, un Peter Cushing démoniaque et doublement plus charismatique, qu'il joue enfin le rôle d'un sacré psychopathe, d'un authentique salaud. J'aime tout particulièrement cette nouvelle approche de Frankenstein, extrêmement différente de tout ce que l'on a pu faire depuis, et du roman initial. Parce qu'il faut bien comprendre que lorsque l'on désire faire une saga d'une oeuvre de moins de 300 pages ( à peine plus de 200, si mes souvenirs sont bons ), il faut radicalement changer certains détails. Ainsi, loin du pauvre savant qui meurt de sa création, le Frankenstein de Cushing se trouve plus dans le stéréotype du savant fou maintes fois vu au cinéma, sans que cela n'entache la particulière vie de ce personnage hors du commun. Brutal, mauvais et sans concession, le protagoniste du film s'avère en être le plus grand méchant. Point de vue original repris par bien d'autres oeuvres ultérieures; sans dire que c'est ce film qui l'a inventé ( ce qui s'avèrerait fort peu probable ), il reste à souligner que le "Docteur Frankenstein" de 2015 reprenait ce détail, ainsi que tant d'autres des films sur le baron période Cushing. Un acteur d'ailleurs extrêmement en forme, et qui manie son personnage avec le charisme et l'effroi d'un Lee, sans pour autant s'avérer froid, glacial à la manière du maître des vampires, du plus célèbre et sublime suceur de sang qui puisse exister. Voilà donc un personnage interprété avec justesse, ferveur et passion, sans que les efforts présentés ne soient jamais relâchés. En somme, c'est une maîtrise constante et régulière dont fait preuve le grand acteur. Une maîtrise d'ailleurs présente dans la mise en scène, comme précédemment évoqué, et qui s'allie parfaitement à ce magnifique cinémascope, aux couleurs si belles et esthétiques, et donnant la part belle à des décors somptueux, ainsi que des costumes irréprochables. Le reste du casting est également très honorable, si ce n'est cette créature légèrement décevante, car beaucoup trop humaine et peu charismatique ( elle change clairement de l'imposant Lee, inoubliable dans le film qui ouvrait la franchise ), et cette fin beaucoup trop brutale, presque bâclée. Une fin qui m'empêche de lui mettre la note supérieure, attribuée aux chef-d'oeuvres; car il l'aurait, toujours à mon goût, amplement mérité. Seulement voilà, la fin gâche tout, tant elle nous laisse sur notre fin; la conclusion aurait pu être parfaite, si le métrage avait été prolongé de quelques plans plus fins et approfondis. N'en demeure un grand film, pour de grands artistes. Un classique. Un must see.