Lhistoire se situe dans le Tôkyô dévasté de laprès-guerre. Larmée américaine occupe les lieux et sattire la haine de la population, livrée à la pauvreté et à la famine. Pour résister à cette désolation, un groupe dune demi-douzaine de prostituées cherche à survivre en se jurant de ne jamais coucher avec loccupant ni doffrir leurs charmes gratuitement. Celle qui les trahit est aussitôt violemment punie et rejetée. Pourtant elles vont toutes senticher dun homme quelles ont recueilli. Un japonais en fuite pour avoir poignardé un soldat américain et joué par linimitable Joe Shishido... Adaptation dun roman érotique populaire, ce film est bien plus quun simple roman-porno. Il y a, forcément, de jolies japonaises, qui, attachées bras et jambes en croix dans leur plus belle nudité, sont fouettées sans ménagement. Mais ici, au-delà du simple fétichisme érotique, ces flagellations viennent servir la logique du film. Comment? Pour ces femmes, lamour est interdit et elles ne sont plus que des animaux dotés dinstinct de survie. Et lorsque lune delles, amoureuse du personnage joué par Joe Shishido, soffre à lui, la fureur de ses amies se déchaîne sur la belle désormais enchaînée, avant quelle ne soit exilée de leur microcosme. Seule, blessée, sans possessions, dans un monde sans sécurité, il ne lui reste quune chose : son humanité, quelle vient de retrouver à travers ce rite de passage difficile et violent, et, qui ne peut être atteint quau prix de la souffrance et de larrachement à un quotidien de facilité et de certitude. Un grand thème donc, accompagné dun antiaméricanisme véhément. Et puis il y a la photo, magnifique, tout en ombre et lumière, mettant en valeur les corps de ces dames avec une discrétion toute japonaise. Autant au niveau de lesthétisme érotique que de la provocation intelligente, ce film atteint des sommets dont on regrette de devoir redescendre. (+ de critiques sur http://www.guillaumetauveron.com/Textes/chroniques_film.htm)