Quand on se demande à quoi sert un film, ça sent le sapin généralement. C'est vraiment la question qu'on se pose en regardant Alpha Dog. Pourtant, l'interprétation n'est pas spécialement à blamer. Sharon Stone, pour le peu qu'elle apparait à l'écran, est poignante, et Timberlake s'en sort pas mal du tout, tout comme Ben Foster, très inquiétant en camé vengeur. Seul point noir à ce niveau, le mouflet Emile Hirsh, qui ressemble autant à un chef de gang que ma grand mère à Robert de Niro. Non, le vrai problème, c'est le but de ce film et la manière de l'atteindre. Montrer que la déchéance ou le pétage de plomb massif guettent tout le monde, même le plus friqué des fils à papa? Aucun intérêt, on le savait déjà. Dépeindre un drame vécu pour faire plus vrai? Le déroulement de cette histoire n'est pas vraiment crédible, entre cavale improbable et copinage malfrat/victime invraisemblable. Et qu'on me permette de douter de l'exactitude de la reconstitution... Reste une solution: faire du Scorsese pour ado, avec des dealers de drogue en culottes courtes en lieu et place des mafieux habituels, mais dans un cadre de nantis au lieu des habituels bas-fonds peuplés d'immigrés italiens ou irlandais. Mouais. Sauf que ce Cassevetes-là n'est ni son père, ni Scorsese. Toutes les cibles sont ratées donc, seule surnage comme je le disais plus haut l'interprétation de certains protagonistes. Pour finir, le film se paie en plus le luxe de proposer une éthique douteuse, ou la défonce est banale et/ou fun, et ou les noms d'oiseaux les plus homophobes et racistes pleuvent de tous les côtés. A une telle fréquence pour le premier cas, qu'on se demande si Cassavetes a un problème à ce sujet, tellement il force le trait pratiquemment à chaque réplique. Bref, un film inutile selon moi, voire choquant sous certains aspects, notamment celui de la vacuité complaisante du propos, si tant est qu'il y en ait vraiment l'ébauche d'un.