Après un John Q dopé au conformisme qui tombait dans tous les pires clichés du genre pour devenir un produit calibré pour Denzel Washington et sans aucune saveur, le fils du grand John Cassavettes et de Gena Rowlands redresse la barre avec cette chronique d’une jeunesse en perdition. Même si certaines facilités l'empêchent d'être un excellent film, il s'impose comme un teen movie à la Larry Clark. En effet, Alpha Dog est un long flash-back plutôt bien foutu tiré d’une histoire vraie, mention croustillante qu’adore le public. Mais c’est surtout une belle descente aux enfers d’une bande de jeunes, inconscients des conséquences de leurs acte. Très largement inspiré par Bully, Alpha Dog est un film qui se veut porteur d'un message destiné à cette jeunesse inconsciente, perdue et décadente. Mais malheureusement ce n'est pas ce qu'on retiendra du film. Car à aucun moment il n'a la puissance d'imposer clairement son message. On retiendra donc qu'il s'agit d'un gentil thriller dramatique comme on peut en voir beaucoup. Bien sûr, ça n'en fait pas un mauvais film, on passe un très bon moment devant. Mais on sent bien que Cassavettes a raté son truc, qu’il voulait faire un film avec un vrai message, et il a mis pas mal d’atouts de son côté, dont un casting assez balèze. Un casting de jeunes prodiges, dont au centre Emile Hirsch avant son énorme performance dans Into the Wild. Il n'est pas incroyable dans le film mais reste crédible en fils de mafioso. On retrouve aussi Justin Timberlake, très sobre et qui prouve qu’il a un beau potentiel d’acteur, ainsi que Ben Foster, excellent en drogué psychotique. Digne d’Edward Norton dans American History X, il fait peur, laisse voir une rage incroyable. Il éclipse à peu près tout le casting dans chaque scène. Après, ce qu’on nous montre ce sont les conséquences d’une dette envers un dealer, la propension de ces jeunes à combler leurs vies futiles par un excès de fêtes, de grossièreté, de violence etc. C’est plutôt bien fait dans l’ensemble, sauf les scènes de pseudo-reportages qui viennent souligner de façon balourde l’histoire vraie derrière la fiction jusque dans un final qui se retrouve du coup raté. Alpha Dog est donc une illustration intelligente, bien interprétée, qui atteint presque son but mais qui reste trop sage. On aurait voulu sentir plus de tensions et de stress. Tout cela donne un film dans la moyenne haute mais qui ne restera pas forcément longtemps dans les mémoires. Néanmoins, il reste bon.