L'histoire d'un gars pas bien futé, qui va faire une grosse connerie avec les mauvaises personnes.
"Kids" avait déjà ouvert la voie dans le style je suis jeune et con et je m'éclate, du moment que la réalité ne me revient pas trop vite dans la gueule. Mais autant le Sida ne pardonne pas trop, autant les parents friqués sont doués pour donner une impression de relative impunité.
Ici, tout le monde va jouer à faire exister un personnage, sans s'apercevoir que les bonnes intentions ne suffisent pas, et que quand on est trop nombreux, on ne peut pas manipuler tout le monde.
Je dois dire que le sel de ce film, de A à Z, et manque de pot ce n'est pas le personnage principal, c'est le néo nazi de pacotille. Car s'il ne fait pas bien peur en dehors de son état de manque perpétuel de dope, il a une "Seagall" manière d'atomiser les problèmes qui est très bien chorégraphiée, et surtout parfaitement jouée.
C'est lui qui fait peur, lui qui étonne, lui qui fait le cordon du script puisque tout va se jouer contre lui. Et manque de pot, le réalisateur le fait passer pour un facho (pas skin puisqu'il se drogue et boit à tout va) complètement à l'Ouest, mais au trip diurne ravageur.
Pourquoi il se plante dans la vie, on ne le sait pas vu la rigueur de son physique, mais la scène du patron rappelle les meilleurs moments de "Fighting club". Le réalisateur a du s'obliger à s'éloigner du seul "héros" du film, par sa rigueur, sa folie, et sa force aveugle mélangée à une lâcheté humaine à ne pas commettre l'irréparable. Il n'avait qu'à pas le mettre dans la peau d'un nazillon, et aucun producteur d'Hollywood ne l'aurait freiné, on aurait eu le droit à un Christian Bale Bis à la "Bad Times".
On se déplace vite vers les deux personnages centraux du long métrage, le "méchant" et le "gentil" qui aimerait bien se barrer de chez ses parents un peu trop protecteurs pour se marrer un bon coup chez les jeunes branleurs. Ce qu'il va faire pendant une heure hallucinante, le fait qu'il soit craquant esthétiquement redonne du peps au récit, autant que de vraisemblance.
Le méchant est lui particulièrement à gerber de prétention, rien à voir avec les fous ou les forts de "Briks", ici on a juste le fils à Papa qui profite de son statut et son fournisseur de dope pour s'inventer un rôle de dur, qui ne tient pas vraiment la route au final. Le plus inquiétant est évidemment le sous fifre lécheur de botte, mais l'histoire de 39/45 a déjà montré qu'il fallait se méfier des simples d'esprit qui ne savent pas ou s'arrête le devoir d'obéissance. Il est simplement médiocre, et dangereux. Et heureusement le réalisateur ne s'y intéresse pas trop comme on se détourne de l'horreur pour mieux la laisser sourdre.
Le charme du film vient aussi de cette sorte de papillonnage entre les personnages, sans qu'aucun ne vole la vedette aux autres. Timberlake a évidemment la part belle, mais c'est pour mieux démolir son personnage de manière magistrale.
Les jeunes sont pro "fuck" attitude, contrairement à ce que j'ai lu par si par là, ça n'est sûrement pas caricatural, ni lassant, on est simplement dans le bain. En France aussi, on a des petits blonds qui parlent comme des raclures de cités, et s'arrêteront bien vite quand ils auront leur première embauche dans un boulot "sérieux".
J'ai trouvé que les adolescents étaient parfaits, même le Timberlake que je n'attendais pas du tout en acteur presque correct, mais surtout délicieusement à contre emploi. Autant les adultes posent quelques problèmes. Même si ce n'est pas forcément de leur faute. Il y a un problème manifeste de budget dans certaines parties du film. La scène des éoliennes est mal tournée pour une vue nocturne, ni nuit américaine, ni nuit européenne bien glauque, juste une bouillie grise qui a du mal à convaincre du moment dramatique. Pareil pour le maquillage (et le jeu) de Bruce Willis, complètement naze (vous choisissez duquel je parle !) dans la première scène, à peine mieux vers la fin. Par contre, en dehors du trucage éhonté sur le corps de Sharon, de la très mauvaise qualité de la compression Mpg du montage foireux sur PC bas de gamme, on arrive presque à y croire tellement Stone s'est sentie en roue libre pour interpréter ce qu'elle pense être une douleur de mère. Moi, j'ai été scotché, presque comme par les cris de Naomi dans "21 grammes". Mais j'ai l'impression que les critiques professionnels ont moins été charmés par cette scène ratée au jeu plus que parfait. A un autre moment, c'est la température de couleur qui change entièrement, on sent bien que la technique n'est pas le point fort du réalisateur, à moins que ce ne soit le budget...
Au final, on regarde les tribulations avec gourmandise, c'est parfois drôle, souvent angoissant puisque la survie du gosse ne tient qu'à un fil, et assez réussi. Quels cons, les jeunes ! Les riches aussi finalement.
Un bon film, même si ce n'est pas un grand film, faute à trop d'amateurisme technique.