Un Don Juan en fin de carrière voit son quotidien bouleversé par la réception d’une lettre sur papier rose provenant d’une ancienne conquête. Apparemment, Don Johnston (le Don Juan qu’interprète Bill Murray) serait le père d’un jeune homme de 19 ans. Poussé par un voisin bienveillant, Don se lance à la recherche de cette vieille amie qui, évidemment, n’a pas pris le soin de signer sa lettre…
Broken Flowers c’est l’histoire du temps qui passe. Don doit faire face à son passé pour pouvoir avancer. Dans sa quête d’un fils inconnu et secrètement désiré, il prend conscience que tout à changé. Ses souvenirs ne sont représentatifs que d’une réalité passée qui n’existe plus. C’est un peu bête direz-vous, mais c’est un drame terrible d’être confronté à cette vérité aussi violemment. Don se rend compte que la vie a continué, que les gens ont évolué, que des événements totalement indépendants de sa personne se sont produits dans la vie de ces femmes autrefois côtoyées. Toutes ses anciennes conquêtes ont avancé, mais lui est toujours le même homme qui passe avec monotonie et indifférence d’une femme à une autre. Même le départ de l’une d’elles, au tout début du film, ne semble pas l’attrister plus que ça. La perspective d’un fils, d’un véritable sens à sa vie, l’enchante profondément malgré ce qu’il veut bien laisser paraître. Broken Flowers c’est l’étonnante histoire d’un mec désespéré qui envoie tout balader à cause d’une lettre anonyme qui lui est adressée. C’est l’émouvante transformation d’un mec nonchalant, rassasié de la vie et de ses plaisirs futiles, qui va finalement trouver un objectif, une cause pour laquelle se battre, pour laquelle agir, courrir. Pour faire simple, Broken Flowers raconte l’histoire d’un homme qui reprend goût à la vie. Une franche réussite ! Beau sur le fond comme sur la forme, le film de Jim Jarmusch est un road movie bien rythmé, une comédie légère, un drame contemporain et un jeu de piste intelligemment calibré. Bill Murray y est impressionnant par son jeu teinté de malice et de tristesse, à l’image du film en lui même, rempli de douceur et de mélancolie. Coup de cœur.