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jean-paul K.
11 abonnés
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2,0
Publiée le 19 juillet 2017
Au risque de contrarier quelques spectateurs, j'ai trouvé ce documentaire (ou film) sans grand intérêt et surtout particulièrement "rasoir". Sûrement trop intellectuel pour moi ?
Je suis aller le voir un peu au hasard quand il est ressorti en salle, l'année dernière je crois. Quand je suis ressorti de la salle parisienne, j'ai marché sans pouvoir m’arrêter dans un dédale de rue, toujours poursuivi par le rythme du jazz. Il place son spectateur dans une transe de laquelle il ne ressort pas inerte. Je ne savait plus quoi penser, juste prise dans cette frénésie de vivre. Si vous avez un jour la possibilité de le voir, allez-y, sans arrière pensée, apriori, ou jugement, juste regardez la vie faire son oeuvre.
Je suis encore tout retourné. Une sorte d'épopée statique! un voyage en huis clos. Quelle maestria des comédiens, du texte et de la mise en scène pour rendre palpable un univers qui ne peut se passer qu'à l'intérieur de l'âme de ces gens. C'est tout simplement captivant, alors que la défonce, vue de l'extérieur, est plutôt peu cinématographique. En sortant, nous étions plusieurs spectateurs à avoir besoin d'exprimer notre émerveillement, et notre gratitude face à un film d'une telle qualité.
On ne peut que saluer MK2 d'avoir ressorti The Connection (1961). Déjà pour des gens comme moi qui n'avaient jamais rien vu de Shirley Clarke, mais aussi en raison du jalon que représente ce film dans l'évolution du regard porté sur le cinéma. The connection, c'est un peu l'histoire de l'impossibilité de capturer la réalité dès lors qu'on s'y essaye, un peu comme en physique quantique où la seule présence de l'expérimentateur fausse l'expérimentation. Et c'est aussi celle de toute une génération de cinéastes des années 60, tous posant les bases d'un cinéma censé documenter la vie , refus d'artifice après refus d'artifice (cf. en France Jean Eustache), sans pourtant jamais tout à fait parvenir à atteindre cette vérité qui aurait fait du film un objet au-delà de la consommation. POur montrer cette impossibilité, S. Clarke nous embrouille savamment entre deux points de vue sur la situation d'un groupe jazzmen-junkies qui attendent leur dealer : celui de Dunn, le documentariste venu les filmer, dont les exigences perturbent leurs relations, et celui d'une caméra qui tourne librement, sans intention. Au bout du compte, Dunn est obligé de se rendre à l'évidence : c'est sa position de cinéaste, avec ses certitudes et sa grosse artillerie, qui l'empêche de capter ce qui s'étale sous ses yeux et que nous voyons, nous, à travers la caméra neutre. À la fois geste critique vis-à-vis du cinéma en même temps que point de vue étonnamment lucide sur les illusions du militantisme artistique des sixtees, The Connection conserve aujourd'hui encore tout son potentiel d'interpellation, ne serait-ce qu'à l'attention des consommateurs de culture que nous sommes.
Un film intéressant malgré sa mise un scène artificielle. L'époque beatnik, un peu surréaliste, des années 50 avec le jazz et la dope est bien rendue. Même si c'est assumé, le vide créé par le manque autour duquel tourne les personnages plombe quand même le scénario.