C'est en s'intéressant aux réseaux du crime qui traversent les frontières du Moyen-Orient que le réalisateur Amos Gitaï s'est aperçu que le trafic de femmes était en plein essor. Il a alors eu l'idée de traiter ce thème dans son nouveau long-métrage. "Pour ces réseaux internationaux qui font de la traite des blanches, comme on dit, les femmes sont de simples marchandises", explique le cinéaste. "Elles sont transportées depuis leur pays d'origine, la plupart du temps l'Europe de l'Est, via le Sinaï en Egypte. Elles passent très facilement la frontière israélienne et sont ensuite réparties dans différentes villes israéliennes ou dans les territoires. Au milieu de tout ce bombardement médiatique auquel est soumis le Moyen Orient, j'avais envie d'adopter un point de vue personnel sur cette question, d'opposer à cet aspect exotique une vision iconoclaste de la Terre Promise."
Avec Terre promise, Amos Gitaï a voulu montrer l'inhumanité présente dans le trafic de femmes. "Mon problème, c'était la question de la nudité, du sexe, de la violence. Comment les montrer, comment les utiliser, comment les limiter au strict nécessaire, aux moments où c'est vraiment indispensable pour que le public sente l'inhumanité de ce que ces femmes subissent. Il fallait absolument que ce soit "gratuit". Et en même temps, les témoignages et les rapports vont bien au-delà de ce qui est à l'écran. J'en ai discuté avec toute l'équipe. Comment allons-nous montrer cette descente aux enfers ? Comment pouvons-nous l'exprimer en termes de cinéma ? (...) Dans Terre promise, je voulais montrer de façon concrète, réaliste, en quoi consistent réellement le trafic de femmes et la prostitution."
Pour donner le maximum de crédibilité à son long-métrage, Amos Gitaï s'est beaucoup documenté. Avant le tournage, il a ainsi passé beaucoup de temps à consulter les rapports émanant d'ONG qui s'occupent en Israël et ailleurs de défense des droits de l'homme, "des centaines de pages de témoignages de victimes de la traite des blanches qui montrent dans le détail comment ces réseaux internationaux opèrent. Je m'en suis servi pour déterminer la zone de réalité que je voulais traiter sous forme de fiction."
La distribution de Terre promise réunit la Française Anne Parillaud (Nikita, Sex is comedy) et la Britannique Rosamund Pike, qui a la particularité d'avoir été révélée dans un volet de la saga James Bond, Meurs un autre jour, en 2002. Elle y incarnait la perfide Mirandra Frost, opposée à l'agent 007 Pierce Brosnan.
Pour l'éclairage de son long-métrage, Amos Gitaï a utilisé des éléments hors-normes. Il explique : "À l'origine, on avait décidé de construire des tours pour éclairer les décors, il avait même été question d'un gros ballon qui diffuserait de la lumière pour faire le clair de lune, mais j'avais une préférence pour des systèmes d'éclairage plus simples et plus directs. Pourquoi ne pas utiliser simplement des torches pour éclairer les visages, pour leur donner un aspect un peu dramatique, comme des masques vénitiens ? Pourquoi ne pas utiliser les phares des voitures pour donner cette ambiance un peu mystérieuse et une sensation de claustrophobie ?"
Terre promise a été présenté en sélection officielle du Festival de Venise 2004. Pour ce long-métrage, le réalisateur Amos Gitaï a reçu, durant cette même manifestation, le CinemAvvenire Award.