J'ai regardé par inadvertance ce film le dimanche soir à la télé. En ayant entendu parler, j'ai d'abord refusé de le voir car je m'attendais à une guimauve où tout le monde il est gentil, tout le monde il est beau. Que si les "méchants" des cités sont méchants c'est parce que les vilains profs ne savent pas les prendre et autres perles démagogiques de la même eau.
De surcroit les fictions sur l'école me laissent bien souvent pantois car dans 99 % des cas le réalisateur ne sait pas ce qu'est une classe et bonjour les poncifs et autres lieux communs affligeants à la pelle. Comme d'ailleurs 99% des réalisateurs ignorent l'ambiance d'une usine, d'un hôpital ou d'une administration.
Bon, ce soir là, je n'étais pas chez moi, la télé fonctionnait, alors , une demi-fesse sur le canapé, un quart d'oeil sur l'écran et un huitième d'oreille vaguement disponible, j'ai pris le train en marche, m'attendant au pire, prêt à éructer si la fausse note se faisait trop fréquente.
Tout doucement la fesse s'étala, l'oeil s'ouvrit, l'oreille se tendit et lorsque le générique apparut, j'étais conquis.
Quel film !
Quelle justesse dans l'observation d'une classe. C'est ça, une classe. Certes, nettement plus calme (et moins fatigante) dans un collège rural mais ce n'est qu'une question d'échelle. On retrouve tout ça.
J'ai trouvé le prof génial, quelle science du dialogue et de l'écoute. Fabuleux.
La scène où le grand noir pète les plombs est une scène qui arrive multiquotidiennement et les profs encaissent, encaissent, encaissent...
Après avoir vu le film et apprécié sa justesse de ton, je me suis quand même demandé à quoi servait cette mascarade appelée éducation nationale. Quel piètre rendement (et le prof est excellent ! Imagine avec un prof standard, voire médiocre !). Que d'efforts, d'interruptions, de tensions, de bagarres pour faire passer cette notion toute simple des huit pieds dans un quatrain. Que d'argent dépensé ! Que de temps perdu !
Déjà il y a un bon nombre d'années une prof d'anglais confiait lors d'un reportage à ce sujet que lorsqu'elle avait réussi à "faire" une demi-heure d'anglais par semaine -- oui, par semaine -- elle était très satisfaite.
Je n'ai pas de solution(s).