Palme d'or, Palme d'or. Forcément, c'est le tout premier argument pour convaincre d'aller voir et d'aimer le film, moi, je n'ai pas vraiment saisi d'où elle est tombée. Forcément, savoir qu'un film est fortement récompensé influence toujours la critique ; la mienne, négative au départ, ne le sera que plus. Film, plutôt documentaire, le problème étant qu'il ne se présente pas comme tel. C'est un film, donc. D'où le fait que je m'attendais à un bouleversement, une avancée, une bouffée d'espoir ou au contraire une fin choquante à souhait, histoire d'appuyer le propos et marquer les esprits, mais Entre les Murs se cantonne à une série de joutes sans beaucoup de liens entre elles, du fait qu'on oublie tout ça assez rapidement. On ne saura jamais ce qu'il est arrivé à la famille Hang, le coup du pétage de câble n'arrive que tout à la fin, après une succession de plus d'une heure trente de scènes fort semblables, quand le mot d'ordre est insolence des élèves et tentatives de dialogues du prof'. Non, je ne me suis pas ennuyée, mais ce point-là m'a fortement déçue, mettant directement ce film dans une catégorie bien inférieure que d'autres sur l'éducation ou les quartiers difficiles que j'ai pu voir. Donc, Cantet a décidé de se cantonner au réalisme pur sans réelle structure scénaristique. Bien. Là encore, léger froncement de sourcils. Je n'ai jamais été dans une classe banlieusarde française, dans une école considérée comme difficile, pourtant, ou l'éducation nationale française est réellement au plus bas et je dois donc m'attendre à croiser ces voisins du sud ne sachant même pas ce que signifie le mot "désormais", ou le non-documentaire force le trait et n'est pas franchement des plus objectifs. Des prof' tous pro-PS (merci, Monsieur Politiquement Correct !), des élèves tous insupportables. Et pas tellement stupides. Un objectif du film, apparemment, montrer que ces jeunes ont un esprit vif, surtout en ce qui concerne faire du chahut, même si je dois dire que l'histoire de la fille adorant du Platon mais incapable de tirer quoi que ce soit d'un Anne Frank me laisse perplexe. Et celle d'un professeur expliquant qu'il est inutile de savoir où est l'Autriche car ce pays n'a aucun intérêt donne surtout envie de hurler d'indignation. Sur le coup, qui se fait manger par qui ? Qui est victime et qui est fautif, dans ce système ? Personne ? Tous ces élèves, pourtant aussi doués que n'importe qui d'autre, sont-ils voués à la "médiocrité" par simple volonté de ne pas se laisser enfermer dans ce système de respect à sens unique, alors que pourtant les professeurs sont présentés comme des "gentilstoujoursprèsàparler" ? En même temps, comment peuvent-il avoir envie de se sortir les doigts du cul, si on ne les pousse pas en avant ? Alors, c'est la faute des méchants professeurs de familles françaises, ayant presque honte de l'être devant leurs élèves étrangers contre qui on ne fait pas de racisme, mais qui par contre critiquent à tout va les "purs français" (merci, Monsieur Politiquement Correct, bis !) ? Elle est où, la logique, alors ? Jeunes gens, c'est un documentaire, il ne fait que vous montrer les faits, n'entre pas plus profondément dans le propos avec quelques scènes ou dialogues plus significatifs, il n'a pas de parti pris. Ah, mais non, c'est un film, en fait !