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Benjamin A
708 abonnés
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3,5
Publiée le 5 février 2015
Vivant sur une île isolée avec leurs deux enfants, un couple est obligé de régulièrement retourner sur la terre ferme pour aller chercher de l'eau douce et cultiver la terre aride...
Quelques douces notes de musique, le bruit de vagues, la nature... mais aucun dialogue. Voilà un pari aussi audacieux que risqué et finalement réussi de la part de Kaneto Shindô qui livre là une belle oeuvre, sublimant la nature et créant une douce atmosphère envoûtante où il met en place une chronique, saison par saison, des habitants qui vivent sur cette île, axé autour du couple qui fait régulièrement le voyage sur la terre ferme.
La chronique d'une vie traditionnelle et en communauté opposée à celle moderne occidentale, une vie faite d'un quotidien répétitif où travailler durement est un devoir obligatoire pour vivre et manger et se fait de manière répétée. C'est lorsque la maladie frappe que ce quotidien répétitif et cette vie à la chaîne sont bousculés... mais il ne tarde jamais vraiment à revenir.
Si quelques scènes, notamment en milieu de récit, sont parfois un peu trop étirée, la puissance et l'émotion sont présentes de bout en bout et cette atmosphère lyrique est prenante. Les sentiments passent par les gestes et les regards, qui finalement peuvent en dire bien plus que n'importe quel mot. La réalisation est toujours juste, sobre et épurée, les cadrages parfaits et mettant de fort belle manière en valeur cette magnifique nature et les longues contrées d'eau entourant cette île, le tout sublimé par une belle photographie en noir et blanc.
Une expérience d'un cinéma sensorielle et misant avant tout sur l'image et l'atmosphère pour donner de l'émotion et de la puissance et mettre en scène cette vie traditionnelle où le quotidien est répété... jour après jour et saison après saison...
Deux approches possibles. La première consisterait à se pâmer, criant à qui veut l'entendre qu'il s'agit d'un pur chef d’œuvre du cinoche japonais, avec une esthétique formidable et une ambiance musicale envoûtante. Pas complètement faux. L'opposition entre le traditionalisme insulaire et la modernité continentale est parfaitement bien exploitée. On évolue visuellement dans un univers majestueux, le directeur photo du film mérite les louanges. Le final est plutôt inattendu donc réussi. Toutefois, une seconde approche existe, celle de trouver "L'île nue" soporifique. Pourquoi ? C'est bien simple, l'intrigue suit le rythme de la voiture-balai du tour de France lors de l'ascension du Mont Ventoux. Kanedo Shindo ne nous épargne rien, il a recours aux ellipses temporelles avec une extrême parcimonie. Entre la minute 19 et la minute 31, on voit les personnages prendre de l'eau, gravir la montagne, arroser, reprendre de l'eau, gravir de nouveau la montagne, encore arroser, et ainsi de suite. On saisit bien l'objectif, nous montrer la répétitivité du travail quotidien, ainsi que sa difficulté, mais fallait-il pour autant punir ainsi le spectateur ? D'autant que la musique se veut elle-aussi répétitive. Elle aurait mérité d'être mieux travaillée, surtout que les dialogues sont absents. Entre ces deux approches, j'opte bien sûr pour la seconde, question de sensibilité. Seul le visionnage de 'L'homme d'Aran", autre sommité de l'ennui mais version occidentale, me contraint à nuancer ma critique.
Un film sur la dure vie de la famille X vivant au Japon. Cette famille vit sur une île qui n'a pas de coin d'eau claire. Donc les parents sont obligés de faire des aller-retour incessants et fatiguant (physiquement et plus tard psychologiquement). Le film est basé entre autre de la vie des paysans de 1960, et on remarque que ça reste assez vieux les techniques pour battre le blé ou arroser les plantations. Les adultes ont une force incroyable, ils ne flanchent jamais. Mais nous si. Car oui, même avec un thème musical superbe, le long-métrage nous perd au milieu de tous ces aller-retour et la lenteur des gestes alors que c'est filmé de façon assez moderne. Kaneto Shindo nous signe avant son excellentissime "Onibaba", un film sympathique sur la vie des paysans.
Rares sont les films à pouvoir prétendre à une certaine pureté cinématographique, «L'Île Nue» est de ceux-là. Dès les premières secondes, la beauté envoutante et sensuelle de la nature, filmée avec une sensibilité extraordinaire, nous frappe de plein fouet pour ensuite nous captiver 1h30 durant. Du début à la fin, inlassablement les mêmes images, les mêmes gestes et la même mélodie se répètent, sans qu'une seule parole soit prononcée, participant de la métaphore que constitue «L'Île Nue» quant à la rudesse de la vie et à son quotidien pénible pour ceux qui vivent du travail de la terre. Magnifique poème cinématographique, il illustre avec sobriété et humilité la douleur du labeur, de la maladie et de la mort, de toute existence en somme. L'opposition entre l'esthétique somptueuse et le propos désenchanté est d'ailleurs d'autant plus forte que cette nature sublimée ne peut faire complètement oublier la souffrance humaine, la détresse d'être impuissant face aux éléments, au temps et à la mort. A ce propos, le choix de Kaneto Shindô de préférer l'épure au sentimentalisme ou au mélodrame s'avère plus qu'opportun : le dénuement formel de «L'Île Nue» sied à merveille à la pauvreté du lieu filmé et des personnages, tout en exacerbant l'intensité des moments les plus tragiques, toujours avec une économie de moyens qui force l'admiration. Qui plus est, l'emploi d'une musique à consonance occidentale, assez déstabilisant au début, s'avère finalement totalement approprié et accentue ainsi la délicate interaction entre sons et images. Beau et tragique, réellement fascinant, «L'Île Nue» est une réussite totale qui rend grâce à l'audace et à l'exigence du cinéaste japonais. A voir absolument! [4/4] http://artetpoiesis.blogspot.fr/
Le silence, et la beauté. Silence et beauté de cet environnement hostile, aride, sec que magnifie la caméra de Kaneto Shindô, qui de peu de choses boucle une superbe histoire, d'un tragique et d'un humanisme très émouvants. Bien sûr, l'action est répétitive, le rythme est très lent et le film peut-être un peu ennuyeux, mais cette chronique d'une famille recluse sur son île dont le quotidien se résume à faire parvenir de l'eau à ses plantations pour survivre est traitée de façon splendide. Et la magnifique musique agrémentant ces images auxquelles elle colle à merveille ne peut que renforcer l'incroyable éclat qui se dégage de "L'île nue".
Dommage que ce film soit en noir et blanc parce qu'il y gagnerait à être en couleurs. Musique très belle, heureusement.... parce qu'il n'y a qu'elle, un décor splendide (tant pis pour la couleur) et des personnages qui vivent durement et affrontent la vie avec dureté également.
D-E-C-E-P-T-I-O-N J'ai vraiment eu du mal à rentrer dans le film d'abord. Dès le départ je savais que le film allait être très contemplatif et sans paroles, mais les premiers trois quart d'heure pour moi furent proches du calvaire. Voir des actions répétitives et entendre une musique répétitive (mais très jolie) m'avaient barbé. Bien sûr je me doutais que ce genre de scènes allaient être montrées, mais ça m'a pas passionné pour autant. Après d'un point de vue technique c'est sûr il n'y a rien à dire, une réalisation aux petits oignons, une photographie splendide et une musique agréable (mais répétitive, à force on en oublie à quel point elle est belle). Les acteurs sont convaincants, expressifs et leur vie rude mais simple est bien retranscrite, ce film pourrait faire office de documentaire sur la vie paysanne japonaise du début des années 60, avec un mode de vie qui contraste avec la modernité que commence alors à connaître le pays. Pourquoi je n'ai pas eu le coup de coeur? A vrai dire je ne saurais pas me justifier. Je pense que ce film est surtout une affaire de ressenti personnel. Pour ma part l'ensemble ne m'a pas emballé. Quelques scènes et quelques (superbes) plans sortent du lot, mais c'est trop peu pour me faire adorer ce film. Si vers la fin j'appréciais plus mon visionnage, je ne peux oublier que j'ai eu un démarrage difficile et où j'étais légèrement crispé. Je conseillerais néanmoins ce film aux amateurs de contemplatif même si à la base j'aime le contemplatif et que ce point-là m'a assez déçu. Une déception donc, mais je ne me refuserais pas de le revoir un jour, en espérant cette fois-ci y trouver mon compte.
La précarité de la condition humaine. L’image est absolument somptueuse ! J'ai dû attendre de voir Soy Cuba (Mikhaïl Kalatozov) pour être à nouveau émerveillé devant tant de beauté !
Un film à la photographie merveilleuse et à l'histoire envoûtante. Le contemplatif est de la partie pour mon plus grand plaisir. Ce drame à la finalité plus que déroutante est absolument magique. Un grand moment.
D'une aridité et d'une densité exceptionnelles, aidé par un partition envoutante et langoureuse, ce film mérité plus qu'un détour, un arrêt simple, afin de le voir et revoir, à volonté. Open bar d'eau, Joyce ?
L’épure règne dans «Hadaka no shima» (Japon, 1960) de Kaneto Shindo, si bien que le film se défait de tout dialogue, laissant le soin aux images et à leur agencement d’évoquer les pensées intimes de la famille paysanne sur laquelle le film se concentre. Réalisé en pleine nouvelle vague japonaise, cette œuvre de Shindo éparpille sur une longue brèche temporelle le quotidien difficile et laborieux d’une famille d’agriculteurs habitant une petite île dressé comme un pic. La première partie opère une précieuse introduction, visant à établir d’emblée la dureté quotidienne à laquelle se plie la famille pour survivre. Un mari, une femme et deux fils la composent. Dès les premières bobines, Shindo instaure un registre passionnant. En montrant les mêmes gestes répétés avec la même précaution, une litanie s’impose et confère aux séquences une rythmique liturgique. Chacun des pas que pose la mère sur le sol, le dos courbé par la charge des seaux d’eau qu’elle soulève, menace de tanguer et de faire choir ce qu’elle porte, réduisant à néant son travail. En centrant son regard, par des gros plans, sur cette marche douloureuse vers le sommet de l’île, Shindo fait de la besogne paysanne un sujet apte au plus intense des suspens. «C’est dans sa forme pure, qu’un art frappe fort» écrivait Bresson. Shindo, bien qu’il n’épure pas entièrement son œuvre puisqu’il conserve une musique en leit motiv composée par Hikaru Hayashi, tend vers un style cinématographique brut. La première partie évite les sommets dramatiques pour se concentrer sur la petite douleur que vit comme habitude ces pauvres gens. La seconde, fortifiée du ton mineur de la première, explose par son drame. Dans le silence, les plus modestes murmures résonnent comme des coups de canon. Sur ce modèle, Shindo instaure dans un désert d’évènements un sursaut émotionnel, prenant le spectateur dans sa quiétude. «Hadaka no shima» préconise un cinéma sans afféteries pour mieux ériger des sensations profondes.
tout a été dit dans les critiques précédentes. un chef d'œuvre, meme s'il est vrai que le niveau sonore de la musique est un peu trop fort, essayer de vous assoir vers le fond, cela devrait aider.