Ce film se résume en une chose: du ciné-blabla pseudo-néo-fantastique, minimaliste, très rapide et prise tête. Dès le départ, une logorrhée scientifique entre jeunes chercheurs vous envahit; à moins de provoquer une céphalée, elle suscite ardemment vos neurones (QI supérieur à 120 exigé ;) au point de suivre de justesse l'évolution de la situation et de décrocher sur le pourquoi du comment. Aucune place pour l'humour, les sentiments ou l'érotisme: tout n'est que discussions à bâtons rompus d'ordre technique, échanges froids, considérations prosaïques, obsession pour des questions soi-disant scientifiques et de réussite financière future (sans éthique, ni grande précaution d'ailleurs). Ces recherches actives mono-orientées, tâtonnements, doutes, questionnements, finissent par tourner à vide. Aucune tension dramatique ne vient non plus affleurer, malgré une potentialité. Ce n'est même pas drôle et j'ai lutté un moment pour ne pas piquer un somme. On y traduit "fags" par connards, appréciez le niveau de crétinerie homophobe d'"Aaron", joué par le réalisateur. Face aux deux protagonistes versés, noyés dans leur expérience-fantasme de détemporalisation (qui va se dérouler dans des boîtes accumulées dans un garage), censée leur apporte fortune, je me suis senti à distance. Certes, la cohérence visuelle est recherchée: niveau photo, on a un grain du style jaune(le poil de D.Sullivan),sépia, bleuâtre-gris, des jeux d'occultation (métaphore des boîtes), une ambiance contrastée nuit/jour. La mise en scène opte pour minimalisme âpre, une vélocité sans éclat, la répétition hypnotique, les décors dépouillés. Cette cohérence picturale ne suffit pas à sauver cet OVNI, dont le seul mérite est de nous proposer de plonger dans l'esprit calculateur, cérébralement échauffé mais émotionnellement glacial, de ses personnages. Une façon de se protéger de la réalité - ça va un moment. Reste mon impression d'avoir eu à faire à une fumisterie, à un jeune essai (Shane Carruth) inabouti - raté.