« L’amant de cinq jours » se présentait comme la continuité des deux films précédents de Philippe de Broca. Si Jean-Pierre Cassel danse, chante, sautille et charme à tout va, séduisant à nouveau une belle et sensuelle créature, mais le côté déjanté (limite barré) et la poésie du « farceur » se sont égarées en route. Curieusement c’est le portrait touchant d’une femme cœur d’artichaut qui devient le fil rouge, suffisamment rare au sein de la misogyne nouvelle vague pour être signalé. En effet, Jean Seberg aime son mari et son amant, elle rêve de bonheurs simples mais hait les surprises récurrentes (Chantilly chaque dimanche). Frémissante et naïve, elle apporte une tendresse et une mélancolie inattendue au romantisme de la dernière partie. Le duo de Broca-Boulanger concocte avec élégance une oeuvre tournant autour d’un quatuor de cinéma de boulevard : le gigolo amoureux de la meilleure amie de sa maîtresse et le mari cocu. Mais contrairement à Feydeau, ici les portes ne claquent pas et c’est davantage une étude relationnelle qui se construit chapitre par chapitre, découvrant progressivement la personnalité des protagonistes, les plus étonnants et touchants, Jean Seberg et François Périer formant un couple faussement improbable. Malgré la très amusante scène des cols et les passages comiques avec le chauffeur de madame, la deuxième partie plus nostalgique amène une fin délicate et ouverte, cerise de grâce sur ce gâteau d’élégance. Last, but not least, la musique brillante, remarquable de justesse de Georges Delerue, accompagne cette fine étude du sentiment amoureux. Comédie dramatique douce amère, elle a sans doute déçu ceux qui cherchaient une partie de rigolade bien épaisse, telle que le cinéma français en produit trop souvent.