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Un visiteur
5,0
Publiée le 29 septembre 2006
Le film qui mêle une histoire à 3 niveaux dont les liens senchevêtrent, va en crescendo dans la dramaturgie. Chacun sera amené a faire face de son point de vue à la foi et chacun y répondra à sa manière : la grâce pour lactrice, la rédemption pour lanimateur et le questionnement pour lartiste. Le personnage le plus émouvant reste Forest Withaker de par la situation quil a à surmonter et linterprétation de cet acteur qui sublime ses rôles. On sent que Ferrara est traversé par des idées contradictoires, sa mise en scène nous le montre : la majorité des scènes se passent la nuit ou dans la pénombre mais la lumière quil installe est intérieure. Le réalisateur à partir du rôle de Marie soulève le débat sur lexistence de Dieu, sur la rédemption, sur la position de lartiste. Pour la première fois, Ferrara arrive à me toucher dans des scènes intimistes mettant en jeu un questionnement sur la croyance.
On en sort perplexe et peut-être aussi dérangé. Certains diront que c'est tant mieux, puisqu'il ne laisse pas indifférent, mais personnellement j'ai trouvé ce film trop religieux, et manque de poésie d'image, de réalisation... On dirait "Jesus of Nazareth". Et le lien entre les 3 petites histoires est assez absurde... Heureusement que la Binoche est là, pour la regarder avec bonheur!
Le film a le mérite d'être assez ambitieux dans son sujet, de l'aborder sous un angle inhabituel et d'éviter la plupart des écueils que présente ce thème. Malheureusement le résultat semble assez confus et superficiel.
Ferrara profite de l'evangile apocryphe de Mary Madeleine pour nous livrer un troublant objet sur la foi. Magnifiquement interprété, envoutant, Mary déroutera certains par son absence de scénario et son caractère relativement personnel. Un véritable ovni, difficile d'accès, qui marque le grand retour de l'iconoclaste new-yorkais.
Mais pourquoi voulez-vous qu'un cinéaste ait une opinion définitive sur le rôle des Juifs par rapport au Christ, ou même une opinion sur le cinéma? Un cinéaste n'est pas un sociologue ou un philosophe! Souvenons-nous de la phrase de Truffaut : "Je ne veux rien dire, je veux montrer." Est-ce que les films les plus beaux ne sont pas ceux qui se cherchent, qui doutent, qui préfèrent les questions aux réponses, qui n'assènent pas des vérités?... Alors, oui, Whitaker est un peu trop; il y a des longueurs; tout n'est pas réussi dans Mary. Mais je loue ce petit film-work-in-progress, émouvant parce que totalement sincère et modeste (oui, modeste, j'insiste!). La ville est filmée de façon très amoureuse, ainsi que Binoche, que je n'aime pas d'habitude, et qui évite enfin les yeux mouillés et la gueule d'enfant. Et puis enfin, quoi, ça remue quelques neurones, non, ce film?
On s'interroge à la fin du film. On ne reste pas indifférent à cette nouvelle approche de la religion. Pas de parti pris, le film laisse une grande liberté de pensée.
Abel Ferrara, après de longues années d'errance artistique, nous revient avec un film très inspiré. Il semble en avoir fini avec ses autocitations irritantes, lui dont les films étaient devenus des caricatures du "style Abel Ferrara". Son "Mary" est un superbe film, à la fois expérience sensorielle et intellectuelle. Il montre tout d'abord l'influence que peut avoir le cinéma sur la vie des réalisateurs et des acteurs par une adroite mise en abîme. Mais il traite surtout du thème qui lui tient le plus à coeur : la religion. Même si son amour de Dieu résonne dans chaque plan de ce film, il en parle de manière intéressante. Ainsi, il ne se présente à aucun moment comme un porte-drapeau. Il oppose dans le film toutes les formes de violences y compris religieuses au véritable sentiment religieux qui est basé sur l'Amour de son prochain et de Dieu. Il parvient à nous faire ressentir le chaos de notre monde par une mise en scène favorisant les ruptures de ton et par une ambiance musicale très lourde. On a parfois l'impression que l'apocalypse va bientôt arriver. Le film se conclue pourtant sur des plans apaisants de Juliette Binoche. Aucune réponse ne nous est donnée et le cinéaste semble dire que chacun trouvera un jour la paix en lui-même. Entre ombres et Lumière, le nouveau Ferrara n'est pas un film facile, mais le cinéaste nous prouve ici qu'il n'est pas un simple provocateur, mais aussi un artiste exigeant. Brillant.