Un film très singulier que ce Sebastiane, film homo-érotique pseudo-religieux et pseudo-historique dont les dialogues sont en latin !
En fin de compte, le film est surtout un métrage expérimental. Il n’a d’historique que le contexte, mais faute de budget la Rome de ce métrage c’est quelques bonhommes essentiellement nus dans un décor naturel désertique. Ce n’est pas non plus autant un film érotique que cela, vu que l’essentiel du caractère érotique du métrage tiendra à la nudité des personnages, et un peu de sexualité discrète. Enfin, ce n’est pas un film religieux, malgré la présence de Saint Sébastien, et d’un arrière-fond mystique. Du coup, il reste quoi : un joli catalogue d’images que n’aurait pas renié Têtu ! Malheureusement malgré la durée très courte du film (1 heure 20), on s’ennuie, on s’ennuie, et le martyre de Saint Sébastien est presque une allégorie de ce que subi le spectateur. C’est mou comme rarement, on voit les légionnaires se baigner, faire des jeux, faire des combats, bavarder, mais il ne se passe rien dans ce désert ! Alors certes l’ambiance est plutôt réussie, avec une sorte d’onirisme latent appréciable, porté par un cadre paysager bien choisi, par une photographie lumineuse, et par un sens esthétique manifeste du réalisateur. Ce dernier a un sens de l’image, certes, mais il le met au service d’un métrage qui semble n’avoir d’autres raisons d’être que de montrer que Saint Sébastien devait être homo. Même le martyre n’est finalement que vaguement expédié, avec quelques maquillages au demeurant plutôt grossiers ! La bande son planante reste un bon point, mais enfin…
Manquant de profondeur et d’enjeux, le film ne peut pas spécialement s’appuyer sur ses personnages. Sebastiane a un certain relief de par sa foi, et certains personnages sont caractérisés un minimum, au moins sur le plan physique, mais enfin, rien de bien fameux. Les interprètes tentent parfois de rompre l’indolence de l’histoire, mais c’est trop rare, et même si le choix des dialogues en latin semblait une bonne idée, je ne suis pas sûr au fond que ce soit réellement le cas. En tout cas les amateurs de belles académies de nu masculin seront aux anges, on reconnaitra au moins la photogénie des interprètes !
Je ne vais pas m’étendre beaucoup plus sur ce Sebastiane qui est en fait un film expérimental avant tout, et une sorte de manifeste homosexuel des années 70. Le réalisateur ne donne malheureusement aucune épaisseur à son histoire, à son propos, qui n’est qu’une très longue attente pour un martyre de 1 minute grosso modo. Si voir des bonhommes nus se baigner au ralenti vous plait, alors vous ne vous ennuierez peut-être pas. 1.5 pour l’esthétique surtout.