Avis sur L'Etrange Madame X

Jean Grémillon est pour moi le plus grand metteur en scène français après Jacques Demy mais je dois dire que ce film m'a fait sortir de mes gongs. Sur le plan cinéma il est absolument magnifique et les deux milieux sociaux sont admirablement traités par une mise en scène très inspirée,les 3 personnages centraux sont excellents et l'amour que se portaient à l'époque Morgan et Vidal y est éclatant...Les bisous ne sont pas en pacotille. Seulement voilà, le scénario non seulement est débile mais il est outrageant pour la classe ouvrière et je ne l'ai pas supporté. Plus bête que Etienne sur une durée aussi longue,je veux bien que l'amour rende aveugle mais pas idiot au point d'en faire un personnage qui n'a aucune chance d'exister dans la vraie vie. En plus;quelle idée d'accentuer le mélodrame par la mort d'un innocent,Grémillon à un talent largement au dessus de ce misérabilisme sentimental pour l'utiliser. Je ne ne supporte pas que l'on crée artificiellement des situations invraisemblables pour capter l'attention des spectateurs...Il faut choisir son camp comme Duvivier par exemple avec « Voici venu le temps des assassins » ou René Clément avec « Gervaise » Ici c'est d'un artificiel et d'un superficiel qui m'ont fait bouillir le sang. Trois étoiles forcement pour la beauté de la réalisation...Irène courant en manteau de vison Pierre Balmain dans les couloirs des « enfants malades » c'est un spectacle à ne pas manquer.

Un mélo qui paraît aussi anachronique que somptueusement réalisé. On a l’impression de revoir les chronique sentimentales et sociales désenchantées et amères du cinéma français de l’après Front populaire (dont le « Gueule d’amour » du même Grémillon, avec un scénario assez comparable) avec ses ouvriers finalement blousés, dans un film du tout début des années 50. On est partagé entre l’émerveillement pour les images du réalisateur et le talent des interprètes et l’irritation devant des défauts habituels au genre mélo : l’emphase lacrymale, le pathos, l’artificialité des situations…

C'était du temps de la lutte des classes. Les bourgeois ressemblaient à des bourgeois, les artisans à des artisans. Et quand il y avait une rencontre c'était nécessairement le drame. Très belle mise en scène de J. Grémillon ; les décors du vieux Paris sont superbes ; M. Morgan est d'une totale ambiguïté.

Jean Grémillon, réalisateur français reconnu pour être considéré comme un auteur maudit, cinéaste singulier enfoui sous l’amas d’une production française confortable, réalise avec «L’étrange Madame X» (France, 1951) le pendant féminin de «L’étrange Monsieur Victor». En même temps que la silhouette bonhomme de Raimu laisse place au visage cristallin de Michèle Morgan, l’étrangeté inquiétante de Monsieur Victor s’efface au profit du désarroi sociale d’Irène Voisin-Larive, l’éponyme Madame X. Cinéaste d’empathie -comme en témoigne tous ses films, de son chef-d’œuvre «Gueule d’amour» jusqu’à ses films plus inaboutis comme «Patte blanche»- Grémillon applique cette fois-ci son empathie sans prendre en compte le problème de la lutte des classes. Une bourgeoise, lasse de fréquenter son milieu, retrouve passion et idylle auprès d’un jeune prolétaire, épris d’amour pour cette femme dont il ignore l’origine sociale. Adoptant majoritairement le point de vue de la bourgeoise, Grémillon privilégie à maintes reprises ses sentiments plutôt que ceux du prolétaire Etienne. Par là, le cinéaste ne fait rien de plus que d’accorder au milieu bourgeois le libre champ de s’infiltrer à son loisir dans le milieu ouvrier sans qu’en retour ce-dernier puisse faire le chemin inverse. Pourtant distant vis-à-vis de ce qui fût baptisé par Truffaut la Qualité Française, Grémillon en rejoint les fautes de goût sociales à travers cette étrange Madame X. L’événement est d’autant plus troublant qu’il est aisé de reconnaître les traits cinématographiques du cinéma de Grémillon. Plongé au cœur des sentiments, chorégraphie élogieuse exprimée dans le déplacement des personnages, l’auteur développe toujours ce regard généreux sur les êtres. Le mode mineur du cinéaste est toujours d’actualité. Modeste film, œuvre de peu d’ambition et dont l’humble discrétion contient la sage ampleur. Reste à regretter cette empathie pour tout, même pour une bourgeoisie inconsciente de se jouer des petites gens.

Je pensais voir la version originale du magnifique mélodrame madame X de 1966 avec Lana Turner, mais il n'en est rien. Ici l'incognito c'est pour l'amant qui ne sait pas la vérité sur son amante. C'est un profond drame superbement interprété avec une mélancolie presque inguérissable. Dans quel cas l'amour va pouvoir survivre? Un sentiment plus fort va naître qui va l'éclipser peut-être ? Mais au prix du malheur ainsi.
Très beau

Une réalisation excellente de Grémillon dans un style plutôt avant guerre, la technique est toujours parfaite mais la folie d'un Maldonne a bien disparu.
Pour l'histoire je m'attendais tout de même à un dénouement plus corsé.

Bourgeoise mal mariée à un éditeur, Irène a un amant auquel elle fait croire qu'elle est une modeste femme de ménage.
C'est un grossier et poussif sujet de mélodrame que met en scène Jean Grémillon, un sujet tout ce qu'il y a de plus conventionnel, essentiellement déterminé par le mensonge initial de Michèle Morgan à propos de sa condition, que son amant, pas bien perspicace ni curieux, finira peut-être par découvrir. Mais quelle idée sotte a eu Irène de se faire passer pour la domestique de son propre ménage! Et puis Michèle Morgan en femme de ménage...
Dédié au couple à la mode Michèle Morgan-Henri Vidal, avatar factice de ces amoureux mélancoliques immortalisés et célébrés par Prévert et Carné, le film additionne sans sincérité les poncifs dramatiques et stimatise involontairement la vacuité de personnages communs. Grémillon semble n'avoir d'intérêt que pour le visage triste, filmé en gros plan, de Michèle Morgan. Les interprètes donnent d'aileurs volontiers dans une affliction bien exagérée au vu de la situation et de la problématique de leur personnage.
Quant à la satire de la bourgeoisie coincée, incarnée par l'époux d'Irène, par opposition à la vie de bohème proposée par l'amant Etienne, elle est insignifiante.

Avant dernier film de Jean Grémillon, avec en vedette le couple Michèle Morgan/Henri Vidal (alors mariés à la ville), L'étrange Madame X fait penser à ces films des années 30 avec Jean Gabin dans lesquelles le destin tombait implacablement sur les héros. Il s'agit ici d'une femme du monde mariée, mais qui n'a plus guère que de relations mondaines avec son mari, et qui s'entiche d'un homme du peuple, avec lequel elle a un enfant. Pour éviter le scandale, elle ment sur son identité et se fait passer pour une femme de chambre. Grémillon sait toujours aussi bien décrire les passions, rendre émouvants les moments dramatiques. Et le film a de multiples atouts : il sent bon la banlieue parisienne avec ses restaurants du bord de Marne, et bénéficie d'acteurs de compositions pour personifier les hommes du monde plus pédants les uns que les autres. La fin n'est pas celle que l'on attend, car un drame terrible vient briser cette union qui était de toute façon mal engagée en raisons des circonstances extérieures. La dernière image, où l'on voit M. Morgan revenue dans son cadre mondain, et retrouver une attitude glacée, sans émotion, est une critique de la bourgeoisie où règnent la facade et l'hypocrisie.

Avant-dernier film de Jean Grémillon qui fait partie pour ma part des plus grands réalisateurs du cinéma français. "L'étrange Madame X" est un bon film interprété par le duo Michèle Morgan et Henri Vidal, mari et femme dans la vie. Bon scénario avec quelques invraisemblances néanmoins, les stéréotypes sur la société de l'époque (les ouvriers et la bourgeoisie notamment), et beaucoup de pathos. Mais on ne s'ennuie jamais grâce au travail réalisé par Jean Grémillon. Michèle Morgan s'en tire à merveille dans la composition de son rôle complexe de double vie.