Thriller basé sur le schéma dramaturgique classique dans lequel un détail, une décision, une rencontre ou un évènement inattendu font prendre au héros un autre chemin que celui qu'il s'était fixé dans sa vie quotidienne, en l'occurrence ici, aller à son travail comme chaque matin. Le héros se persuadera, après la rencontre avec une séductrice calculatrice et comploteuse, de continuer dans la voie opposée que la raison lui dicterait de ne pas suivre. Film donc au schéma assez manichéen ou les couples dominants raison/sentiment, moral/immoral, bon/mauvais, femme/homme, justice/vengeance et beaucoup d'autres marquent fortement le film. Le titre "Dérapage" , qui devrait être en fait "Déraillement" symbolise très bien cette rupture, cette dissidence, cette cassure dans les habitudes du personnage principal, qui est constamment tiraillé entre se faire justice lui-même, être actif ou bien se résoudre à supporter passivement ce qui lui arrive. Un indice, les trains sont aussi très présents dans ce film.
Cette trame de film, tiré d'un roman à succès aux USA, aurait pu faire un très bon thriller, bien construit avec une intrigue intéressante et un suspens haletant.
L'aspect très caricatural des protagonistes, le développement assez prévisible de l'histoire. On devine facilement après vingt minutes que le jeu de séduction de la femme fatale cache un complot prévisible dans lequel tombe trop facilement notre héros sans qu'il appelle pour autant la police au moment le plus tragique alors que rien ne l'en empêchait. Les nombreuses invraisemblances font perdre au film toute crédibilité. Le spectateur, un tant soit peu amateur du genre, a l'impression que le réalisateur s'adresse à lui constamment, lui demandant s'il a bien suivi l'intrigue, si son intérêt est toujours actuel,,,,Je trouve que le réalisateur a nourri le film de trop d'éléments informatifs et je dirais presque didacticiels, qui nous laissent devant ce film, plus comme des étudiants à un cours de dramaturgie que comme des adultes plongés dans un quotidien imprévisible. Le paradoxe, c'est qu'il manque une certaine innocence, une fraîcheur séduisante, une jolie maladresse inattendue qui font la marque de fabrique des grands thrillers auxquels on s'identifie, qui partagent nos angoisses et nos craintes enfouies.
Clive Owen qui incarne le rôle du personnage principal joue assez juste et nous partageons assez bien son monde. Il y a ce que je ne sais quoi dans le regard d'Owen, qui me donne toujours l'impression, qu'il sait que la caméra est en train de le filmer. Il n'est pas assez détaché. Jennifer Aniston est plutôt moyenne, avec un jeu de femme fatale assez conventionnel et stéréotypé. Vincent Cassel, par contre est tout simplement à blâmer tellement son rôle de méchant, de trop méchant dirais-je, frise le ridicule. C'est un rôle de clown qui lui conviendrait. Cassel semble avoir été "invité" à endosser un personnage qu'il n'habite aucunement. C'est du carton-pâte, du clinquant.
Les acteurs n'habitent pas assez leurs rôles. Les poncifs du genre sur les américains m'ont aussi beaucoup ennuyés. Peut-être que techniquement le film est assez réussi. Bon jeu de caméra, images soignées et bien maîtrisées, belle photographie. Un bel écrin au contenu pauvre et nullement le travail d'un artiste. Une simple commande à honorer pour l'argent!