Un métrage dans l’esprit de la 7e compagnie mais malheureusement sans la même maitrise. Pour ma part Le Corbillard de Jules avait du potentiel. Déjà, visuellement, même si on sent le manque de moyens par moment, la reconstitution d’époque n’est pas dégueux. Il y a un peu de matériel, l’histoire qui se passe surtout à l’arrière permet à peu près d’esquiver les scènes de guerre trop couteuses, et le début du film est plutôt efficace. Les acteurs jouent la comédie mais sans excès, le point de départ de l’intrigue est plutôt sérieux et dramatique, il y avait moyen d’exploiter un road-movie à travers la France de cette époque pour en pointer tous les travers (et potentiellement aussi, les qualités) sur un ton plus caustique que la 7e compagnie ou d’autres films de bidasses loufoques. Malheureusement, passé les dix premières minutes pas mauvaises, il reste pas grand-chose. On aura de temps en temps des pointes de pertinence, peut-être tirées du livre, je n’en sais rien, notamment un monologue du personnage de Perrin, mais ce ne sera que très épisodique au milieu d’un ensemble fade. Le réalisateur s’appelle Serge Pénard, et honnêtement, il porte bien son nom. Il fait des films pépères, avec une mise en scène pépère, une narration pépère, et ça dépasse pas le cadre d’une mise en images. Il n’y a rien de plus. C’est mou, c’est filmé surtout en intérieur une fois passée la première demi-heure, les dialogues sont plats, les situations sont toujours esquissées et n’haussent jamais le ton, et par moment on sombre même dans la gaudriole la plus crasse et la vulgarité inutile. Le métrage étant visiblement encombré de durer 1 heure 25, il nous balance également un tas de séquences sans intérêt, n
otamment un énorme flash-back totalement hors-sujet qui prend quasiment 15 mn de film !
Le film est lent, bordélique, rempli de superflu, et finalement il ne dit pas grand-chose de son époque et de ce qu’il aurait pu dénoncer avec virulence (et drôlerie). Je dirais que ce n’est même pas assez « énorme » pour être un nanar, car je n’ai même pas ri au second degré du genre « c’est tellement nul que j’ai ri ». C’est pas efficace du tout, et ce, malgré la complicité des trois acteurs principaux qui fonctionne plutôt bien et se complémente bien. Aldo Maccione se distingue en particulier en prenant un peu plus les commandes dans ce métrage, lorgnant par moment vers un côté plus sérieux, qui aurait vraiment pu être intéressant, notamment avec l’évocation du passé du personnage. Pour ma part il vole un peu la vedette à ses comparses.
Franchement, il n’y a pas grand-chose de plus à dire. Le film démarre bien, tient à peu près la route pendant une demi-heure, puis il pépérise et traine sur un faux rythme jusqu’à la fin, ne faisant qu’esquisser de bonnes idées et développant d’autres trucs qui visiblement moins fatigants à explorer, intéressent davantage Pénard. A mon avis, l’approche comique était une erreur, tout simplement. Une approche plus sérieuse, sans dire « absolument sérieuse » aurait été mieux indiqué, avec un ton plus aigre, des personnages mieux développés et une mise en scène plus incisive. 1.5