Bon, ce film est vraiment une bonne découverte inattendue. Je n’en attendais vraiment rien, et je craignais un gros nanar, il s’avère que ce film réussit l’exploit d’être un condensé juste des déboires de la vie d’un couple après l’arrivée d’un enfant ! Et en 1 heure 20, ce n’était pas gagné.
Le casting fonctionne étonnement bien. Je dis cela car le couple principal est campé par l’anonyme Olivia Orlandi et par le réalisateur qui a souvent lorgné avec la série Z : Raphael Delpard. Mais curieusement, leur couple fonctionne bien. Quelques scènes un peu limites (la dispute en voiture est moyennement crédible), mais globalement leur interprétation est propre et crédible, et le manque de charisme de Delpard est finalement un atout pour faire réaliste. Orlandi, et c’est étonnant qu’elle n’ait pas fait une carrière fournie, livre une prestation très convaincante globalement. Quelques seconds rôles plus pêchus, avec notamment Francis Perrin et Marthe Villalonga apportent un plus estimable au métrage, lequel, dans l’ensemble, peut compter sur l’investissement sincère de ses interprètes, bons ou moyens. Les personnages sont proprement écrits, avec ce qu’il faut de fantaisie, mais surtout un bel ancrage réaliste.
Le scénario peut donc se résumer comme étant les péripéties d’un couple après l’arrivée d’un enfant. Entre couche, difficulté à concilier travail et famille, crise du couple… ce film est d’une grande clairvoyance, et il résonne souvent comme étonnement actuel. C’est sa grande force, et cela en fait plus qu’une simple comédie. Alerte, manquant certes de fluidité à cause d’un réalisateur qui n’est pas un grand narrateur, il reste qu’Un amour d’emmerdeuse est à la fois drôle et touchant, et beaucoup pourront se reconnaître dans ce portrait de couple. C’est bien fait, dans une veine divertissante assumée, mais il y a aussi un message sous-jacent, et on le perçoit bien. Beaucoup d’optimisme aussi.
Formellement Un amour d’emmerdeuse est très ancré dans son époque, comme bien des comédies populaires du temps. Des décors joyeusement kitsch gâchés partiellement par une photographie grisâtre, une mise en scène très vive, parfois jusqu’à l’excès, qui pourra rappeler un peu le cinéma de Mocky dans son côté brut et parfois saccadé, et une jolie bande son, qui se révèle surtout dans l’épilogue, très réussi. Sans atteindre des sommets, Un amour d’emmerdeuse a indéniablement de la personnalité.
En conclusion, j’ai beaucoup aimé ce film, qui allie avec justesse, un peu comme Le Père Noël est une ordure mais avec plus de maladresse, l’humour, la démonstration d’une réalité sociale, et un message. Je craignais un nanar qui tache, et j’ai découvert une des belles comédies françaises des années 80, injustement méconnue. 4