Le cinéma de Godard est un cinéma total, il a du mal de parler uniquement d'une seule chose, à ce concentrer sur un sujet, du coup il parle de tout, il parle de la vie. Sur ce film qui pourrait être avant tout un film politique, sur ses idéaux, qu'il a déjà longuement mis en scène dans Vent d'Est, Masculin/Féminin, la chinoise, Week End, il va plus loin, il fait un film sur le couple également, sur le cinéma. Yves Montand (génialissime) est ici l'avatar de Godard, ce Godard qui a abandonné le cinéma en mai 68 (le cinéma commercial du moins), ce Godard qui a envie de reprendre le cinéma, ce Godard qui pense, ce Godard qui combat, ce Godard qui après avoir soutenu le PC, doit restructurer sa pensée, apprendre à désapprendre pour inventer un cinéma nouveau avec des idées nouvelles.
Dans Vent d'Est le grand reproche que faisait Godard c'était qu'Eisenstein avait retiré au peuple les instruments de sa lutte. Ici Godard les donne, il filme le travail, il filme le peuple entrain de lutter, il filme la mauvaise foi patronale, la mauvaise foi des syndicats (la CGT).
Et outre ce côté politique passionnant, qui se conclu avec une scène composé d'un traveling latéral d'une bonne dizaine de minutes faisant des aller retours de gauche à droite, puis de droite à gauche, où un voit un militant du PC vendre le programme de son parti comme des légumes dans un supermarché, il y a cette histoire d'amour, le côté métafilmique. C'est saisissant.
Je pense à l'introduction où l'on voit combien coûte un film, des chèques qui se déchirent les uns après les autres, la réflexion sur ce qu'il faut pour faire un film, une histoire, des stars.
Et chose bien trop rare, chaque sujet abordé est traité avec profondeur, on ne balaie pas un sujet d'un revers de la main.
C'est un film cohérent, politique, et diablement intéressant.