Excellent film que La Servante écarlate, que je n’attendais pas franchement car en général la SF pas futuriste m’indispose, on sent la faiblesse des moyens et il est très difficile de réussir à rendre futuriste un film très proche de nous. Mais ici ça fonctionne sans difficulté !
L’interprétation est d’abord excellente, rien à redire là-dessus, Natasha Richardson trouvant sans doute l’un de ses meilleurs rôles, et montrant un très beau jeu d’actrice. D’une grande subtilité, elle porte le film sur ses épaules et est véritablement mémorable au milieu d’un univers froid et qui ne la gâte pas ! Face à elle, un couple d’acteurs talentueux et très bien choisis pour leurs rôles respectifs, Robert Duvall et Faye Dunaway, eux aussi très fins dans leurs prestations, surtout Duvall, bijou d’ambiguïté ici ! Le film s’appuie surtout sur ce trio, mais il y a quelques seconds rôles à la hauteur, avec des personnages souvent détestables, mais ce n’est pas si facile de rendre détestable un personnage !
Le scénario brille par sa narration. Le film est un véritable bijou en la matière. C’est rare de voir un film plus fluide, limpide, et qui ne souffre, sans pratiquement d’action, d’aucune baisse de rythme ! C’est très accrocheur, ça se boit comme du petit lait, jusqu’à un final que certains trouveront un peu abrupt, mais qui se justifiait à mon sens pour donner cette impression de gradation, et pour rester dans l’âme sombre du film. Avec très peu de choses finalement le réalisateur s’empare d’une histoire grave, et le fait avec finesse, réalisme conduisant son récit d’une main de maître. Enormément de simplicité, pas de surenchère, mais un résultat brillant et souvent passionnant.
La réalisation est parfaite. Là encore pleine de sobriété, mais toujours intelligente, rigoureuse, claire, le réalisateur offre un travail précis et redoutablement soigné, mais qui ne cède pas non plus au caractère polissé des films trop appliqués. L’ambiance est très bonne, à la fois séduisante et inquiétante, on évolue dans un futur d’autant plus inquiétant qu’il n’est pas, comme cela est parfois le cas, post-apocalyptique, et derrière les façades proprettes de la haute bourgeoisie on découvre des choses pour le moins peu ragoutantes. Beau travail à tout point de vue, le tout emmené par une musique esthétiquement très eighties, planante, qui accompagne si bien les films sombres et mélancoliques.
Pour moi La Servante écarlate est un film sombre et austère qu’il ne faut pas voir en période de morosité, c’est sûr, mais c’est un film fort bien réalisé, et qui reste un must sur le fond comme sur la forme. Un exemple d’excellence fait avec très peu de choses. 5.