Je ne vais pas considérer ce film en tant qu'il est un remake de Mélodie pour un tueur, car je n'ai simplement pas vu ce film, donc je ne vais pas chercher à comparer, critiquer les choix de mises en scènes ou le scénario en prenant pour base ce film. Je prend De Battre Mon Coeur s'est Arrêté comme un film seul, en dehors de tout lien avec d'autres oeuvres qui s'y rapportent. Aussi, je précise que je n'ai vu pour le moment que Le Prophète et De Rouille et d'Os du réalisateur, donc de manière non chronologique. C'est pourquoi je vais quand même effectuer la comparaison avec ce que j'ai déjà vu du réalisateur. Je dirai que De battre est presque un rodage, une mise en place de ce qu'on découvrira surtout dans le prophète, à savoir cette façon de filmer la violence crue, la plus réaliste possible, en ajoutant aucun effet par la mise en scène, ni dans le jeu d'acteur. Et surtout en ne prenant aucun parti, aucun message, sans pour autant donner dans la gratuité (ce qui est un message, nihiliste), laissant le spectateur a une place de spectateur, qui voit sous ses yeux une cruauté apparente du monde, sans savoir si elle est finalement si condamnable, si rejetable, si il est nécessaire d'intervenir ou non. La partie où Romain Duris joue cet obscur agent immobilier est de loin la plus passionnante car c'est la qu'à mon sens Jacques Audiard est le plus à l'aise, dans sa représentation d'une réalité sombre et tout cela avec la grande force de ne laisser aucune empreinte, aucun style, pour connaître au plus proche la violence, la violence réaliste et non du cinéma. Si je dis qu'une partie est bonne, c'est que l'autre l'est moins, et la rédemption de Duris par le piano m'a moins intéressé, peut-être d'abord parce que je n'y croyais pas vraiment, le personnage joué par Duris n'étant à mon sens pas adapté à un apprentissage élitiste du piano (on est la pour casser les codes, les préjugés... ok, malgré tout le film se donne une approche réaliste et la ca le fait moins) mais également parce que j'ai eu pour le coup l'impression que ça fait bien, que le piano c'est beau et noble, et qu'on entrait dans une dimension presque trop artistique comparé a l'ambiance violence urbaine de l'autre partie. Certes, le passage de l'un à l'autre représente la rupture, mais on y croit moins au final. Reste malgré tout une grande maitrise de la mise en scène même dans les scènes de piano, même si la force vient des scènes de "mafia", qui ressemblent aux scènes du futur Prophète (qui lui est réussi de bout en bout). Romain Duris s'en sort mieux que d'habitude sans excellé, il reste Duris et manque un peu de charisme, mais sa prestation finale est magistrale ; Linh Dan Pham qui a obtenu pour ce film le cesar du meilleur espoir féminin joue bien malgré un rôle peu varié et aussi souffre de son manque de présence ; Niels Arestrup, on l'a vu sous un bien meilleur jour ; la surprise c'est Aure Atika, qui d'ailleurs ne confirmera pas par la suite, qui livre une prestation tres touchante ici. Je ne m'attarde pas sur le scénario qui est à mon sens assez classique, un fils fait des affaires qui craignent sous la manipulation de son pere mafieu mais qui va découvrir (ou plutot redécouvrir) l'amour et la sérénité dans l'apprentissage du piano, tout en ayant ici et la quelques histoires de ulc et des pépins avec des associés ou des rivaux. La force du film se situe encore une fois, et il est important de la préciser, dans la mise en scène de la violence, cru, réaliste et sans jugement, une pure maîtrise de la caméra pour donner l'impression qu'elle n'existe pas, une sorte d'introduction à ce que sera le parfait Prophète, mais qui n'a pas a souffrir la comparaison tant il se prend bien également.