On se croirait à l'âge d'or de l'animation soviétique, les bois sculptés avec des looks et des effets de style typique années 30 tout en étant très diversifiés.
La cible est un peu étrange, c'est bien trop "parlé" et morbide sinon triste (surtout dans la facture graphique très bleu puis très rouge sang, mais toujours ultra sombre) pour toucher un public jeune, c'est bien trop "statique" pour toucher un public sniffant de la 3D.
On pourrait même lui prédire un bide total s'il n'y avait cette poésie de tous les instants, et quelques scènes, qui utilisent le concept des fils, très réussies. Dont une, presque d'anthologie.
Mais on ne peut pas tout baser sur une seule parabole (même la Bible en contient plusieurs !), et le scénario est lui truffé de poncifs qu'on a vu plusieurs fois déjà, notamment les appellations des personnages, typiquement d'inspiration anticipation / judéo-chétienté.
Bref, ça ne décolle pas. On se contente alors d'apprécier la dureté des têtes de bois sculptées en arrêtes acérées, les trouvailles esthétiques, et la légèreté aérienne de certaines très belles scènes.
Le problème, malgré toutes les qualités du film, c'est que c'est quand même lent comparé aux nouveaux standards du dessin animé, de Wallace et Gromit ou de l'animation de synthèse. Surtout que l'oubli le plus gênant, c'est l'absence de mouvement des bouches, même la série télévisée sixties pénélopienne avait ce petit
mouvement hideux qui permettait au moins de savoir qui parlait. Tout est beaucoup trop statique, personnages, caméras, actions.
Quant à la fin, elle gâche un peu tout le déroulement très logique techniquement, en incorporant du merveilleux où il n'y avait que des fils, on croirait le "happy end" de Matrix 3, et ce n'est pas forcément réussi.
Indispensable aux graphistes. Trouvera un public, trouvera pas ?