Pas revu depuis 25 ans et ne m'en souvenant pas au point de me demander si je l'avais réellement vu, « Grease » pourrait se résumer en une phrase : le scénario est aussi mauvais que les numéros musicaux sont bons. Le (gros) souci, c'est qu'au début, les chorégraphies se font rares, nous obligeant à subir cette indigente chronique adulescente, souvent interprétée par des acteurs beaucoup trop âgés, n'ayant pas peur du surjeu constant (à ce niveau, les mecs l'emportent sans coup férir sur les nanas), où seule Stockard Channing (en étonnant sosie (involontaire?) d'Elizabeth Taylor) sort du lot à travers ce personnage vaguement potable.
Les dialogues sont d'une médiocrité tout aussi effrayante et c'est avec soulagement que chaque intermède musical est accueilli, le soin apporté aux paroles des chansons n'ayant strictement rien à voir avec ceux « normaux ». C'est peut-être un peu moins pire sur la fin, donnant toutefois une sévère impression d'ersatz de « West Side Story », sans jamais se donner la peine de développer ou de proposer quoi que ce soit de vraiment intéressant.
Mais bon, quelqu'un a dû finir par se rendre compte de la nullité de l'histoire, car au fil des minutes, les numéros se multiplient, certes légèrement inégaux, mais souvent de bonne facture voire assez endiablés, où l'on sent l'influence éminemment positive de Barry « Bee Gees » Gibb, responsable de ce secteur, avec une préférence pour l'énorme « Beauty School Dropout », d'un mauvais esprit, voire d'un cynisme étonnant pour une œuvre restant globalement gentillette. À partir de là, « l'histoire » passe clairement au second plan et pour le coup c'est vraiment une bonne nouvelle, nous permettant, au passage, de mieux apprécier le grand soin apporté à l'image pour reconstituer les 50's, le générique de début se révélant une petite merveille de créativité, aussi bien dans son animation que ses références pop.
Bref, si cette absence de scénario et l'incroyable pauvreté d'écriture dans son ensemble sont un barrage absolu pour faire de « Grease » une comédie musicale importante (du moins en ce qui me concerne!), à l'image d'un final m'ayant quand même paru assez réactionnaire dans son discours
(en gros, si vous n'êtes pas celle que l'autre attend, transformez-vous en bombasse sexy, là il vous acceptera : d'accord...)
, au moins celle-ci a la lucidité de presque tout miser sur le côté « show », et c'est clairement ce qu'il y avait de mieux à faire tant celui-ci est infiniment plus réussi que tout ce qu'il y a autour : pour le « show », donc, et uniquement pour lui...