Retour de Woody au Thriller, retour gagnant et puis c'est tout. Cette histoire d'un jeune ambitieux, aveuglé par son désir de réussite économique et sa progression sociale, est décrypté avec un style accompli. Séduisant malgré son cynisme, ce jeune, car j'ai bien peur qu'on s'identifie à lui, c'est beau la réussite, ça gomme les défauts. Mise en scène qui coule de source, casting parfait, les acteurs jouent une partition jubilatoire, et la musique est magnifique, décalée, le son d'époque jure avec le reste, fait presque anachronique, et revient tel un leitmotiv, sonne comme le chant de ce que le personnage principal va perdre en route, son innocence et ses illusions. L'immoralité sous-jacente, lucide et froide est toujours montrée, en conséquence des actes des individus, et non pas selon une transcendance derrière laquelle on pourrait se cacher. C'est du grand art. Ainsi, les mauvais choix de Chloé qui fait semblant de ne pas voir que son mari l'a trompe, ceux de Nola qui accepte une relation sans issue avec un homme marié. Finalement la fin tragique est annoncée dès le début, mais on fait semblant de ne pas le voir, car c'est caché sous tout ce luxe, et le confort matériel, et les convenances et tout ça. Il est fort à parier que beaucoup feraient les mêmes erreur,s que Chris, à savoir si ils auraient le courage ou la lâcheté d'aller jusqu'au bout. Le tout réalisé avec un maniérisme à la Woody Allen, une indéniable douceur, des tons presques pastels contre nature vu le propos, et c'est ça qui est bien.
Comme si ça ne suffisait pas, la campagne anglaise belle comme je ne l'ai jamais vu, et honnêtement, pour filmer Scarlet Johansson aussi bien, il doit être amoureux d'elle.