Au bout de la nuit (Street Kings) accumule les clichés du genre sans une once d'intelligence, sans subtilité, et peut-être le plus grave, sans recul ni réflexion sur ce qu'il présente. Même le public amateur de polars est un public exigeant, désireux d'imprévus, de nouveautés et de surprises. C'est ce qu'a oublié David Ayer, en nous nourissant d'un curieux mélange de tous les films noirs de ces dernières années, le talent en moins. Il donne à Keanu Reeves un rôle intéressant, plus sombre que d'habitude, mais qui ne tient pas la durée. Le méchant flic, désabusé, mal rasé, qui a perdu sa femme et se laisse aller, mais qui se révele pas si méchant que ça à la fin, et plutot une victime du système, nous fatigue assez rapidement..Quant à Forest Whitaker, son charisme ne rattrape pas l'affaire, tant il s'oblige à surjouer pour palier un scénario d'un prévisible déconcertant. Seules quelques scènes entre les deux hommes laissent imaginer au spectateur ce qu'aurait pu faire un réalisateur plus ingénieux, mieux armé pour diriger ces deux pointures. On sent les deux acteurs souvent sur le point d'émerger, sur le point d'apporter leur force et leur sensibilité, un petit rien qui ferait tout, mais la caméra ne leur laisse jamais le temps de développer leur potentiel, comme si le tournage s'était fait à la va-vite, comme si tout sens artistique avait été balayé avant même de se mettre à tourner. Les seconds-rôles ne sont là que pour faire passer le temps, et pour faire de la pub aux acteurs de série, de Prison Break à Docteur House. Et ne parlons même pas des rôles féminins, qui n'existent que par leur mari, de la veuve épleurée à la petite amie de keanu reeves, qui pleure et attend à la maison le retour de son charmant fiancé.(Voir la suite :http://cinema-critiques.blogs.allocine.fr)